le revenu universel de base
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le revenu universel de base
Article très interessant de Libération pour comprendre les enjeux d'un revenu universel de base, idée non farfelue très sociale efficacement tout en étant économiquement valable
Libération Mardi 5 Mai 2020
REVENU UNIVERSEL
«Tout le monde aurait disposé sans délai de quoi survivre»
Le revenu de base refait surface dans les débats à l’heure où nombre de personnes ont perdu tout ou partie de ce qu’elles touchaient à cause du confinement. Pour le philosophe belge Philippe Van Parijs, il aurait pu amortir l’ampleur de la crise et favoriser la reprise.
Recueilli par
VITTORIO DE FILIPPIS
Alors que la pandémie de ¬coronavirus paralyse l’économie mondiale, la question du revenu universel fait son retour dans le débat public, s’affichant comme une soution pour protéger les plus vulnérables et amortir des chocs économiques comparables à ceux de la Grande Dépression de 1929. Pour ses défenseurs, un revenu de base inconditionnel serait plus qu’une assistance sociale, il reviendrait à accorder à tous une part de la richesse nationale créée par la collectivité. Entretien avec Philippe Van Parijs, professeur de philosophie aux universités de Louvain et Leuven (Belgique) et coauteur de l’ouvrage de Revenu de base inconditionnel. Une proposition radicale (1).
La pandémie a entraîné une perte de revenus pour des di¬zaines de millions de personnes à travers le monde. Pourquoi estimez-vous qu’il est temps d’adopter un revenu de base ? Même le [libéral] Financial Times affirmait dans son éditorial collectif du 3 avril que «des politiques considérées jusqu’à il y a peu comme excentriques, tel le revenu de base», ¬devront faire partie du «mix» des mesures à prendre.
Certes, on pourrait songer à des ¬mesures plus ciblées, mais ¬elles ¬seraient lourdes sur le plan administratif, et celles et ceux qui en ont le besoin le plus urgent risquent de ne le percevoir que bien après la fin du confinement. Si ce n’est que pour une ¬durée d’un ou deux mois, autant le donner à tout le monde, disent les partisans du revenu universel, même à ceux que le confinement ne prive pas de leurs revenus. Il ne s’agirait là que d’un ¬revenu de base très temporaire ?
Bien sûr. Mais beaucoup proposent aussi un revenu de base pour une raison distincte, également liée à la crise actuelle, mais avec un timing différent. Il ne s’agit pas de per¬mettre de survivre pendant le confinement, mais de relancer l’éco-nomie quand on en sortira. Comme pour faire face à la crise financière de 2008, il s’agit de recourir au ¬fameux quantitative easing (QE), autrement dit à la création monétaire. Jusqu’ici, ce QE passait principalement par la baisse des taux d’intérêt pour encourager les crédits aux ¬ménages et aux entreprises. Mais il a atteint ses limites. Nombreux sont dès lors les économistes qui défendent aujourd’hui le recours à ce qui est parfois appelé QE for the people ou helicopter money, soit de la monnaie qui serait créée par la banque centrale et distribuée sur le compte en banque des ménages. L’objectif est d’augmenter leur consommation de sorte à faire redémarrer l’économie. Dans sa version la plus simple, l’idée d’un QE for the people prend la forme d’un montant égal pour chaque résident, ce qui en fait une forme de revenu de base universel, mais ici encore temporaire.
Que se passerait-il aujourd’hui si nous avions déjà adopté un ¬revenu de base sans conditions pour tous ?
C’est la question qu’invitent à se poser les avocats d’un troisième type de proposition de revenu de base, cette fois non temporaire. S’il avait été en place, tout le monde aurait disposé immédiatement et automatiquement, sans ¬délai ni incer¬titude, d’un revenu permettant en tout cas de survivre pendant le confinement. Cela ne rendrait pas superflus les dispositifs de chômage temporaire, d’aide ¬sociale ponctuelle ou de suspension des loyers, mais cela en atténuerait l’urgence et l’ampleur. De même, cela ne rendrait pas superflu de ¬relancer l’économie en recourant à la création monétaire, mais cela pourrait alors prendre la forme très simple d’une augmentation temporaire du revenu de base permanent.
Etes-vous séduits par l’idée de la fin du travail et de l’impossibilité de retrouver une situation de plein-emploi ?
Au contraire d’un revenu de base temporaire, l’instauration de sa version permanente est une réforme radicale, susceptible de transformer profondément le fonctionnement de nos sociétés. Elle a donc besoin de justifications moins contingentes que la résilience face aux pandémies. Mais ces justifications ne reposent pas sur l’hypothèse de la fin du travail ni même de sa raréfaction. Tout au contraire, le revenu de base doit contribuer à la réalisation de l’objectif de plein-emploi, au sens de la possibilité d’accès par toutes et tous à un emploi rémunéré qui ait du sens pour celles et ceux qui l’occupent. En facilitant le ¬va-et-vient entre emploi, éducation et activité bénévole, il constitue le complément naturel d’un apprentissage permanent qui doit désormais s’étaler sur toute l’existence. Il doit nous permettre d’être plus nombreux à travailler et plus nombreux à être désireux et capables de travailler plus longtemps. Du fait de son caractère inconditionnel, le revenu de base confère la liberté de ne pas travailler. C’est en cela que ses défenseurs lui attribuent un ¬potentiel émancipateur.
Mais cela ne mine-t-il pas la place hégémonique du travail dans nos sociétés et le rôle qu’il joue comme facteur d’inté¬gration et de reconnaissance ¬sociale ?
Le caractère inconditionnel du revenu de base est essentiel parce que c’est lui qui confère un pouvoir de négociation accru à ceux qui en ont le moins. Mais il n’annule pas l’incitation à travailler. D’abord, le caractère universel du revenu de base, le fait qu’il soit cumulable avec tout revenu du travail, permet d’échapper à la désincitation inhérente aux dispositifs actuels réservés aux pauvres ou aux chômeurs : pas de piège du chômage mais, au contraire, une subvention à l’emploi. En outre, le travail offre à beaucoup une insertion précieuse dans un réseau de ¬relations et une reconnaissance de leurs compétences et de leurs ¬efforts. La liberté conférée par un revenu inconditionnel à celles et ceux qui en ont le moins est certes en partie la liberté de ne pas accepter n’importe quel boulot à n’importe quel salaire et la liberté de souffler pour se réorienter ou éviter un burn-out. Mais c’est surtout la liberté de travailler à temps partiel et d’exercer une activité moins bien ou moins régulièrement rémunérée mais plus gratifiante ou plus prometteuse. Le revenu de base est un instrument dont nos sociétés doivent pouvoir disposer pour aider chacun d’entre nous à trouver une activité que nous aimons faire, que nous faisons bien et qui est utile à la collectivité. Elargir la gamme de possibles, ce n’est pas éteindre l’obligation morale d’être utile à d’autres que soi-même. C’est plutôt reconnaître que la liberté réelle pour toutes et tous peut-être un principe d’organisation de l’économie plus équitable et plus efficace que «si tu ne travailles pas, tu ne mangeras pas».
Ne nourrissez-vous pas l’idée qu’il existerait une source miraculeuse de richesses qui permettrait de financer ce revenu ? S’il doit être permanent, un revenu de base ne peut pas se financer par l’endettement ou la création mo- nétaire. Dans des pays comme les ¬nôtres, il doit aller de pair avec une réforme des transferts sociaux et de l’impôt sur les personnes ¬physiques. Un revenu de base de 600 euros, par exemple, devrait s’accompagner de la réduction, à concurrence de 600 euros, du montant net de l’ensemble des allocations existantes. Un complément d’assurance sociale ou d’assistance sociale resterait alors dû aux béné¬ficiaires de ces allocations, de manière à assurer que leur revenu total soit au moins égal à leur revenu ¬actuel. Ainsi, un chômeur percevant une indemnité de chômage de 1 000 euros aurait droit, sous les mêmes conditions ac¬tuelles, à une indemnité de 400 euros s’ajoutant à son revenu de base.
Le revenu de base inconditionnel se substituerait aussi aux exonérations dont jouissent, dans tous nos sys¬tèmes fiscaux, les tranches de revenus les plus basses. Si l’on pouvait ¬s’arrêter là, aucun ménage n’y perdrait et un grand nombre de mé¬nages à bas revenus y gagneraient. Mais précisément en raison de ces gains, il faudrait des prélève- ments supplémentaires qui pourraient prendre diverses formes mais devraient aboutir à imposer plus équitablement les revenus les plus élevés. On réduira du même coup une inégalité qui ne peut se justifier par des considérations d’efficacité économique.
600 euros par mois, c’est ce qu’on va proposer aux personnes qui ont perdu leur emploi pourqu’ils échappent à la ¬pauvreté ?
J’ai cité 600 euros à titre d’exemple. A ce niveau, le revenu de base devra rester flanqué d’allocations conditionnelles. Mais sous l’angle de la lutte contre la pauvreté, il aura l’avantage d’atteindre automatiquement tous les ayants droit,
minimisant ainsi retards et non-recours. Et comme on le garde in¬tégralement lorsqu’on accepte un emploi, il rend moins ardu d’échapper à la pauvreté par les revenus de son travail. Un socle ferme sur lequel nous pouvons construire nos vies est tellement mieux qu’un filet de sécurité qui ne parvient pas à intercepter toutes celles et tous ceux qui tombent et dans lequel bon nombre de celles et ceux qu’il intercepte ¬restent ¬emprisonnés.
Ce qui vaut pour des pays comme la France vaut-il aussi pour des pays comme l’Inde, où l’Etat-providence est bien moins développé ?
Un revenu de base, même très ¬faible, y réduirait massivement ¬l’extrême pauvreté, qu’elle soit ou non causée par la pandémie. Ceux qui y plaident pour son introduction expliquent qu’il pourrait être financé par la suppression de sub- ventions inefficaces et iniques qui profitent disproportionnellement
L’idée d’un revenu de base pour tous s’est invitée dans les débats dès avant la crise sanitaire, mais encore plus depuis le début de la pandémie. Retrouvez sur ¬Libération.fr lesrêvesde ¬l’opposition d’un revenu minimum de base en Inde, les ¬promesses d’un revenu vital par le gouvernement de coalition en Espagne, ou encore le débat croissant sur la ¬question au Royaume-Uni.
Libération Mardi 5 Mai 2020
Libération Mardi 5 Mai 2020
REVENU UNIVERSEL
«Tout le monde aurait disposé sans délai de quoi survivre»
Le revenu de base refait surface dans les débats à l’heure où nombre de personnes ont perdu tout ou partie de ce qu’elles touchaient à cause du confinement. Pour le philosophe belge Philippe Van Parijs, il aurait pu amortir l’ampleur de la crise et favoriser la reprise.
Recueilli par
VITTORIO DE FILIPPIS
Alors que la pandémie de ¬coronavirus paralyse l’économie mondiale, la question du revenu universel fait son retour dans le débat public, s’affichant comme une soution pour protéger les plus vulnérables et amortir des chocs économiques comparables à ceux de la Grande Dépression de 1929. Pour ses défenseurs, un revenu de base inconditionnel serait plus qu’une assistance sociale, il reviendrait à accorder à tous une part de la richesse nationale créée par la collectivité. Entretien avec Philippe Van Parijs, professeur de philosophie aux universités de Louvain et Leuven (Belgique) et coauteur de l’ouvrage de Revenu de base inconditionnel. Une proposition radicale (1).
La pandémie a entraîné une perte de revenus pour des di¬zaines de millions de personnes à travers le monde. Pourquoi estimez-vous qu’il est temps d’adopter un revenu de base ? Même le [libéral] Financial Times affirmait dans son éditorial collectif du 3 avril que «des politiques considérées jusqu’à il y a peu comme excentriques, tel le revenu de base», ¬devront faire partie du «mix» des mesures à prendre.
Certes, on pourrait songer à des ¬mesures plus ciblées, mais ¬elles ¬seraient lourdes sur le plan administratif, et celles et ceux qui en ont le besoin le plus urgent risquent de ne le percevoir que bien après la fin du confinement. Si ce n’est que pour une ¬durée d’un ou deux mois, autant le donner à tout le monde, disent les partisans du revenu universel, même à ceux que le confinement ne prive pas de leurs revenus. Il ne s’agirait là que d’un ¬revenu de base très temporaire ?
Bien sûr. Mais beaucoup proposent aussi un revenu de base pour une raison distincte, également liée à la crise actuelle, mais avec un timing différent. Il ne s’agit pas de per¬mettre de survivre pendant le confinement, mais de relancer l’éco-nomie quand on en sortira. Comme pour faire face à la crise financière de 2008, il s’agit de recourir au ¬fameux quantitative easing (QE), autrement dit à la création monétaire. Jusqu’ici, ce QE passait principalement par la baisse des taux d’intérêt pour encourager les crédits aux ¬ménages et aux entreprises. Mais il a atteint ses limites. Nombreux sont dès lors les économistes qui défendent aujourd’hui le recours à ce qui est parfois appelé QE for the people ou helicopter money, soit de la monnaie qui serait créée par la banque centrale et distribuée sur le compte en banque des ménages. L’objectif est d’augmenter leur consommation de sorte à faire redémarrer l’économie. Dans sa version la plus simple, l’idée d’un QE for the people prend la forme d’un montant égal pour chaque résident, ce qui en fait une forme de revenu de base universel, mais ici encore temporaire.
Que se passerait-il aujourd’hui si nous avions déjà adopté un ¬revenu de base sans conditions pour tous ?
C’est la question qu’invitent à se poser les avocats d’un troisième type de proposition de revenu de base, cette fois non temporaire. S’il avait été en place, tout le monde aurait disposé immédiatement et automatiquement, sans ¬délai ni incer¬titude, d’un revenu permettant en tout cas de survivre pendant le confinement. Cela ne rendrait pas superflus les dispositifs de chômage temporaire, d’aide ¬sociale ponctuelle ou de suspension des loyers, mais cela en atténuerait l’urgence et l’ampleur. De même, cela ne rendrait pas superflu de ¬relancer l’économie en recourant à la création monétaire, mais cela pourrait alors prendre la forme très simple d’une augmentation temporaire du revenu de base permanent.
Etes-vous séduits par l’idée de la fin du travail et de l’impossibilité de retrouver une situation de plein-emploi ?
Au contraire d’un revenu de base temporaire, l’instauration de sa version permanente est une réforme radicale, susceptible de transformer profondément le fonctionnement de nos sociétés. Elle a donc besoin de justifications moins contingentes que la résilience face aux pandémies. Mais ces justifications ne reposent pas sur l’hypothèse de la fin du travail ni même de sa raréfaction. Tout au contraire, le revenu de base doit contribuer à la réalisation de l’objectif de plein-emploi, au sens de la possibilité d’accès par toutes et tous à un emploi rémunéré qui ait du sens pour celles et ceux qui l’occupent. En facilitant le ¬va-et-vient entre emploi, éducation et activité bénévole, il constitue le complément naturel d’un apprentissage permanent qui doit désormais s’étaler sur toute l’existence. Il doit nous permettre d’être plus nombreux à travailler et plus nombreux à être désireux et capables de travailler plus longtemps. Du fait de son caractère inconditionnel, le revenu de base confère la liberté de ne pas travailler. C’est en cela que ses défenseurs lui attribuent un ¬potentiel émancipateur.
Mais cela ne mine-t-il pas la place hégémonique du travail dans nos sociétés et le rôle qu’il joue comme facteur d’inté¬gration et de reconnaissance ¬sociale ?
Le caractère inconditionnel du revenu de base est essentiel parce que c’est lui qui confère un pouvoir de négociation accru à ceux qui en ont le moins. Mais il n’annule pas l’incitation à travailler. D’abord, le caractère universel du revenu de base, le fait qu’il soit cumulable avec tout revenu du travail, permet d’échapper à la désincitation inhérente aux dispositifs actuels réservés aux pauvres ou aux chômeurs : pas de piège du chômage mais, au contraire, une subvention à l’emploi. En outre, le travail offre à beaucoup une insertion précieuse dans un réseau de ¬relations et une reconnaissance de leurs compétences et de leurs ¬efforts. La liberté conférée par un revenu inconditionnel à celles et ceux qui en ont le moins est certes en partie la liberté de ne pas accepter n’importe quel boulot à n’importe quel salaire et la liberté de souffler pour se réorienter ou éviter un burn-out. Mais c’est surtout la liberté de travailler à temps partiel et d’exercer une activité moins bien ou moins régulièrement rémunérée mais plus gratifiante ou plus prometteuse. Le revenu de base est un instrument dont nos sociétés doivent pouvoir disposer pour aider chacun d’entre nous à trouver une activité que nous aimons faire, que nous faisons bien et qui est utile à la collectivité. Elargir la gamme de possibles, ce n’est pas éteindre l’obligation morale d’être utile à d’autres que soi-même. C’est plutôt reconnaître que la liberté réelle pour toutes et tous peut-être un principe d’organisation de l’économie plus équitable et plus efficace que «si tu ne travailles pas, tu ne mangeras pas».
Ne nourrissez-vous pas l’idée qu’il existerait une source miraculeuse de richesses qui permettrait de financer ce revenu ? S’il doit être permanent, un revenu de base ne peut pas se financer par l’endettement ou la création mo- nétaire. Dans des pays comme les ¬nôtres, il doit aller de pair avec une réforme des transferts sociaux et de l’impôt sur les personnes ¬physiques. Un revenu de base de 600 euros, par exemple, devrait s’accompagner de la réduction, à concurrence de 600 euros, du montant net de l’ensemble des allocations existantes. Un complément d’assurance sociale ou d’assistance sociale resterait alors dû aux béné¬ficiaires de ces allocations, de manière à assurer que leur revenu total soit au moins égal à leur revenu ¬actuel. Ainsi, un chômeur percevant une indemnité de chômage de 1 000 euros aurait droit, sous les mêmes conditions ac¬tuelles, à une indemnité de 400 euros s’ajoutant à son revenu de base.
Le revenu de base inconditionnel se substituerait aussi aux exonérations dont jouissent, dans tous nos sys¬tèmes fiscaux, les tranches de revenus les plus basses. Si l’on pouvait ¬s’arrêter là, aucun ménage n’y perdrait et un grand nombre de mé¬nages à bas revenus y gagneraient. Mais précisément en raison de ces gains, il faudrait des prélève- ments supplémentaires qui pourraient prendre diverses formes mais devraient aboutir à imposer plus équitablement les revenus les plus élevés. On réduira du même coup une inégalité qui ne peut se justifier par des considérations d’efficacité économique.
600 euros par mois, c’est ce qu’on va proposer aux personnes qui ont perdu leur emploi pourqu’ils échappent à la ¬pauvreté ?
J’ai cité 600 euros à titre d’exemple. A ce niveau, le revenu de base devra rester flanqué d’allocations conditionnelles. Mais sous l’angle de la lutte contre la pauvreté, il aura l’avantage d’atteindre automatiquement tous les ayants droit,
minimisant ainsi retards et non-recours. Et comme on le garde in¬tégralement lorsqu’on accepte un emploi, il rend moins ardu d’échapper à la pauvreté par les revenus de son travail. Un socle ferme sur lequel nous pouvons construire nos vies est tellement mieux qu’un filet de sécurité qui ne parvient pas à intercepter toutes celles et tous ceux qui tombent et dans lequel bon nombre de celles et ceux qu’il intercepte ¬restent ¬emprisonnés.
Ce qui vaut pour des pays comme la France vaut-il aussi pour des pays comme l’Inde, où l’Etat-providence est bien moins développé ?
Un revenu de base, même très ¬faible, y réduirait massivement ¬l’extrême pauvreté, qu’elle soit ou non causée par la pandémie. Ceux qui y plaident pour son introduction expliquent qu’il pourrait être financé par la suppression de sub- ventions inefficaces et iniques qui profitent disproportionnellement
L’idée d’un revenu de base pour tous s’est invitée dans les débats dès avant la crise sanitaire, mais encore plus depuis le début de la pandémie. Retrouvez sur ¬Libération.fr lesrêvesde ¬l’opposition d’un revenu minimum de base en Inde, les ¬promesses d’un revenu vital par le gouvernement de coalition en Espagne, ou encore le débat croissant sur la ¬question au Royaume-Uni.
Libération Mardi 5 Mai 2020
PatrickB- Messages : 680
Lieu : café de Calais (et d'ailleurs - déplacements)
Langues : Français (Langue maternelle) , Gb
Re: le revenu universel de base
C'est intéressant, mais ça revient à faire comme dans les pays scandinaves, sauf que là-bas tu es obligé de travailler.
A noter que l'hélicoptère-monnaie existe en France : sous forme des différentes aides qui ont été données, à savoir chômage partiel, primes aux indépendants, annulation des charges sociales...et bientôt plan de relance.
Dans les pays scandinaves, si tu ne travailles pas, tu ne touches rien. Mais si tu prends un petit boulot, nécessairement payé au smic, tu touches en plus une somme d'argent (une allocation sociale en quelque sorte) qui t'amènes peu ou prou à 2 000 € par mois. Donc, on t'oblige à travailler, mais tu gagnes correctement ta vie, en tout cas assez pour vivre. En France, on voudrait obliger certaines personnes à travailler, mais en les payant au smic, et sans aide sociale; alors, forcément, à ce compte-là, les gens préfèrent rester au chômage - et faire du black.
Les mêmes, à gauche, qui parlent de revenu universel, sont aussi les premiers à décourager les gens de travailler, à proposer de donner une allocation qui permette de survivre, mais pas de vivre.
Or, c'est facile de créer des petits boulots. Il y a un tas de services qui peuvent être utiles. Je trouve que le système scandinave est plus honnête : il permet aux gens, non pas de survivre en ne faisant rien, mais de vivre en travaillant.
Evidemment, ce système impose aux femmes de travailler, ce qui peut heurter certaines coutumes, en particulier liées aux religions.
En ce sens, le salaire universel, à mon avis, serait une bonne chose, mais pas pour inciter les gens à vivoter. Seulement pour leur permettre de vivre. Car il est faux de dire qu'il n'y a pas de travail. L'Angleterre et les pays scandinaves en sont la preuve.
En cas de crise, quand on perd son job, une aide exceptionnelle peut être donnée.
A noter que l'hélicoptère-monnaie existe en France : sous forme des différentes aides qui ont été données, à savoir chômage partiel, primes aux indépendants, annulation des charges sociales...et bientôt plan de relance.
Dans les pays scandinaves, si tu ne travailles pas, tu ne touches rien. Mais si tu prends un petit boulot, nécessairement payé au smic, tu touches en plus une somme d'argent (une allocation sociale en quelque sorte) qui t'amènes peu ou prou à 2 000 € par mois. Donc, on t'oblige à travailler, mais tu gagnes correctement ta vie, en tout cas assez pour vivre. En France, on voudrait obliger certaines personnes à travailler, mais en les payant au smic, et sans aide sociale; alors, forcément, à ce compte-là, les gens préfèrent rester au chômage - et faire du black.
Les mêmes, à gauche, qui parlent de revenu universel, sont aussi les premiers à décourager les gens de travailler, à proposer de donner une allocation qui permette de survivre, mais pas de vivre.
Or, c'est facile de créer des petits boulots. Il y a un tas de services qui peuvent être utiles. Je trouve que le système scandinave est plus honnête : il permet aux gens, non pas de survivre en ne faisant rien, mais de vivre en travaillant.
Evidemment, ce système impose aux femmes de travailler, ce qui peut heurter certaines coutumes, en particulier liées aux religions.
En ce sens, le salaire universel, à mon avis, serait une bonne chose, mais pas pour inciter les gens à vivoter. Seulement pour leur permettre de vivre. Car il est faux de dire qu'il n'y a pas de travail. L'Angleterre et les pays scandinaves en sont la preuve.
En cas de crise, quand on perd son job, une aide exceptionnelle peut être donnée.
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
Rep
Merci Rémi pour ces précisions tu as compris le fond de ma pensée : un « moyen financier » pour tous pour vivre. Bien évidemment travailler me semble indispensable quand c’est possible même pour les femmes (argument égalitaire) mais aussi pour leur permettre une indépendance vis à vis de leur conjoint. (le but c’est d’encourager à prendre un emploi même peu payé et en même temps (MDR) de permettre aux entreprises d’être plus compétitives à l’international en n’augmentant pas les salaires et aux pme d’être encore moins chères (lutte contre l’économie souterraine du noir) en les exonérant des charges sociales sur les bas salaires. En fait une économie libérale d’état tout en ayant la souplesse et la réactivité d’une économie libérale) on voit ici rien que sur la gestion des masques et de la crise qu’une tout gestion par le haut est contre productive (les hôpitaux s’en sont sortis parce que le pouvoir nocif des petits chefs s’est écroulé - ils ont même disparu) mais actuellement leur retour aux commandes enragent les hospitaliers et si le pouvoir détourne les yeux l’après covid pourrait déboucher sur un mouvement social hospitaliers en tête et je voit mal le disperser à coup de flash ball et de lacrymogène sans mettre le pays à feu et à sang (on n’a pas beside cela)
PatrickB- Messages : 680
Lieu : café de Calais (et d'ailleurs - déplacements)
Langues : Français (Langue maternelle) , Gb
Re: le revenu universel de base
Nous sommes sur la même longueur d'onde. Quand les gens travaillent, même pas beaucoup, c'est toujours ça en plus pour le PIB.
Voltaire disait que le travail éloigne de nous l'ennui, le vice et le besoin...Encore faut-il pouvoir en vivre...
Un autre modèle de société, le Japonais, postule que les femmes restent à la maison. Les Japonaises ne le vivent peut-être pas si mal, mais en France je crois que ça ne passerait plus. Je peux me tromper...
Je crois que les Français en ont unanimement marre (en-dehors des financiers) de cette société financiarisée, mondialisée dans laquelle nous vivons. Comment leur donner tort ? C'est sans doute une tendance forte qui va émerger dans les années qui viennent avec pas mal de relocalisations, de retours dans les frontières de l'Europe, des USA, de la Chine...Vivre de façon plus frugale, retrouver le vivre ensemble...espérons-le
Voltaire disait que le travail éloigne de nous l'ennui, le vice et le besoin...Encore faut-il pouvoir en vivre...
Un autre modèle de société, le Japonais, postule que les femmes restent à la maison. Les Japonaises ne le vivent peut-être pas si mal, mais en France je crois que ça ne passerait plus. Je peux me tromper...
Je crois que les Français en ont unanimement marre (en-dehors des financiers) de cette société financiarisée, mondialisée dans laquelle nous vivons. Comment leur donner tort ? C'est sans doute une tendance forte qui va émerger dans les années qui viennent avec pas mal de relocalisations, de retours dans les frontières de l'Europe, des USA, de la Chine...Vivre de façon plus frugale, retrouver le vivre ensemble...espérons-le
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
Re: le revenu universel de base
Rémy a écrit:Je crois que les Français en ont unanimement marre (en-dehors des financiers) de cette société financiarisée, mondialisée dans laquelle nous vivons. Comment leur donner tort ? C'est sans doute une tendance forte qui va émerger dans les années qui viennent avec pas mal de relocalisations, de retours dans les frontières de l'Europe, des USA, de la Chine...Vivre de façon plus frugale, retrouver le vivre ensemble...espérons-le
espérons le
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Sprache ist die Verbindung,
Il Linguaggio è Il Legame,
La Lingvo estas La Ligilo etc.
MurielB- Admin
- Messages : 18642
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Espéranto, Gb, De, It, Es, chinois
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