Histoire amusante chez l'opticien

Bonsoir à tous,

Une histoire amusante que j'espère ne pas avoir déjà racontée ici.


C'est une histoire réelle qui a eu pour acteur le grand-père de mon ex-femme, appelons le Manou (diminutif prononcé à l'italienne, de son prénom Emmanuel).
C'était un homme simple qui n'embêtait personne et était heureux avec un rien, qui avait travaillé dur dans sa vie (mines de fer de Lorraine) et était épaté d'être à la retraite et d'être payé à ne rien faire !
Je ne vais pas raconter la vie de Manou mais une des siennes !


Il s'est rendu chez l'opticien (en fait je pense que c'était son généraliste) pour faire estimer et corriger sa vision.
Il a eu droit à l'espèce de tableau avec plein de lettres de différentes grosseurs sur plein de lignes que nous connaissons tous et le docteur lui demande le traditionnel :
"Qu'est que vous lisez, là ?"
- pas de réponse
- le docteur descend d'une ligne et pose la question
- silence ou simple moue
... de ligne en ligne le médecin en arrive à la dernière et commence à s'énerver
- toujours pas de réponse de Manou sur la dernière ligne avec ses immenses lettres !!!

Le docteur s'emporte un peu : "Si vous ne voyez rien là, vous êtes AVEUGLE, alors !!!"
Et la réponse de Manou : "ma no dottore, j'y vois mais je ne sais pas dire en Français !"

Vous imaginez les éclats de rire du médecin, soulagé !

Cette histoire est familière dans ma famille et nous rappelle Manou avec émotion !

Si je l'ai postée ici, c'est parce qu'elle a un rapport avec les langues.

Bonjour à tous,

Une chose plus triste concernant Manou est que sa langue maternelle était le Piémontais et pas l'Italien (il avait quitté son village natal à l'âge de 25 ans dans les années 1930).
Il parlait cette langue chaque jour avec sa femme et des cousins qui avaient émigré avec eux.

Lorsqu'il allait dans son village natal, il avait un choc car lui, parlait le Piémontais mais les jeunes lui répondaient en parfait italien !
Alors il se rendait compte qu'il n'avait plus de vrai pays, que plus personne ne parlait sa langue maternelle.

Ce que je peux ajouter est que les femmes de la famille s'étaient mieux intégrées : je ne sais pas si c'était une question de volonté, d'obligation ou d'opportunités (commissions, leçons des enfants, contacts avec l'école, chez le docteur, etc.) mais elle parlaient mieux le Français que les hommes.