"Vie Sauvage" de Cédric Kahn

Ce film, basé sur un fait d'actualité récent, m'a beaucoup émue.
Une situation pourtant banale de séparation d'un couple.
Deux êtres qui s'étaient rencontrés à l'âge où l'on veut refaire le monde. Ils veulent vivre à l'écart de la société de consommation, et échapper à la vie urbaine : métro, boulot, dodo.
Elle a un fils, Thomas. Le couple (Paco et Nora) va jouer à se marier sous un chêne : symbole de l'éternité, pour s'aimer pour la vie. Ensemble, ils auront vite un premier fils : Tsali, puis un second : Okyesa.
Mais elle déchante sept ans après.
Au moment de la scolarité sérieuse des enfants, elle se pose des questions et se dit fatiguée des difficultés de la vie nomade, de la boue autour de son mobil-home. Elle part dans sa famille en emmenant ses trois fils.
Lui ne le supporte pas, et profite d'une garde temporaire pour s'enfuir avec ses deux fils.

C'est ici que le film est intéressant : Le jeu des personnages est magnifique. On assiste à la lutte de Nora pour récupérer ses enfants, et en même temps à la lutte de Paco pour en avoir la garde légitime, vu qu'il se dit victime d'un changement d'idéal de vie de la part de sa compagne. Mais son côté "marginal" ne plaît pas à la classe bien-pensante dont Nora est issue.

Nous partageons ensuite la vie clandestine de ce père aimant et des ses enfants, 8 et 7 ans au début, âge de l'école, où les cours se donnent sur le tas, puis petits boulots pour s'en sortir, puis la vie d'ados plus compliquée, jusqu'à la fin de l'histoire, semblable à la vraie qui nous a été révélée par les média...

Les enfants sont au centre de cette séparation : Ils ont du mal à choisir leur camp.
"Chez qui voulez-vous aller ?" Okyesa : Je ne sais pas. Tsali : Si je vais chez maman, je ne pourrai plus revenir ici.
Ils apprécient la vie de bohème, la nature, mais plus ils grandissent, plus la clandestinité est difficile à vivre.

Un très beau film authentique.
Excellente réalisation : Mathieu Kassovitz, Céline Sallette, David Gastou, Sofiane Neveu...