Exposition Albert Marquet
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Exposition Albert Marquet
Le musée d’art moderne de la ville de Paris consacre une rétrospective au plus discret des peintres fauves, ces artistes aux couleurs explosives qui ont révolutionné l’art à l’orée du XXe siècle. Contrairement à ses camarades Matisse ou Manguin, Marquet choisit d’adoucir la tonalité de sa palette pour peindre, sa vie durant, la Seine, les ports et l’eau déclinée en des milliers de nuances.
Des lunettes épaisses et un pied-bot : Albert Marquet (1875- 1947) fut un jeune homme complexé avant de devenir un artiste discret. Enfant, il ne rêve que de dessin. Bordelais d’origine modeste, il passe ses étés à Arcachon à admirer la mer et ses couleurs changeantes. Quand il débarque à Paris en 1895, Marquet entre d’abord à l’école des Arts décoratifs puis aux Beaux-Arts, et se lie avec Henri Matisse, Charles Camoin et Henri Manguin. Ils suivent l’enseignement du vieux Gustave Moreau, réputé pour lâcher la bride aux élèves et encourager le travail de la couleur.
La déflagration fauve
Dessinateur hors pair, Albert Marquet a toujours abordé la toile sans aucun travail préparatoire, tel un calligraphe armé de son seul pinceau. Simplicité apparente, mais grande maîtrise du geste. En 1905, Marquet et sa bande, ainsi que Vlaminck et Derain, exposent au Salon d’automne, salle VII. Elle deviendra célèbre : leurs trente neuf toiles exposées font scandale. Le président de la République refuse d’inaugurer l’évènement. La déflagration fauve se ressent dans toute l’Europe. Cette peinture expérimentale libére la forme et la gamme chromatique, irradie ses sujets de couleurs stridentes surlignées de noir.
Marquet a toujours gardé de ses débuts fracassants le goût de la nuance chromatique, mais baisse la puissance de feu pour privilégier, dans les décennies suivantes, des couleurs plus fraîches aux variations infinies. Il pratique en quelque sorte une « grisaille fauve » toute aussi vigoureuse mais plus discrète, à l’image de son tempérament.
Ses portraits et ses nus affichent la même sagacité que ceux de Manet, ses couleurs acides répondent à celles de Vallotton, le peintre suisse qu’il considère comme son père spirituel et artistique. Voyageur infatigable, casanier en pratique et en ménage, Marquet s’affirme comme un «plein airiste » d’atelier : il peint depuis sa fenêtre.
Le goût de l'eau
Il a gardé de son enfance le goût de l’eau et travaille toujours à sa proximité, dans l’atelier que Matisse lui a repassé sur le quai Saint-Michel ou dans ses nombreux appartements successifs sur les quais de Seine. De sa fenêtre donc, à Paris comme au Havre, à Alger ou ailleurs, Marquet peint en plongée l’eau qui coule, les multiples déclinaisons du gris, du bleu, du brun, du vert. Il peint la mer ou le fleuve parisien, les tours de Notre Dame colorées par les nuages, la foule esquissée en virgules noires sur les trottoirs en contrebas. Peu de ciel, puisqu’on regarde en bas, des lignes de fuite transversales, une texture mate faisant sonner la toile comme un jour de neige. Sur la centaine d’œuvres exposées, l’exposition du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris propose une magnifique variation sur ces quais de la Seine vus de sa fenêtre, avec une vingtaine de tableaux reprenant, de façon obsessionnelle, le même sujet au même endroit, encore et encore, sur une durée de près de trente ans. C’est à peine si le trait, trembloté ou furtif, change. A l’opposé d’un travail alimentaire en série, cette peinture mono-maniaque montre combien l'artiste fut obsédé par la nuance de la couleur, la rapidité du rendu, la véracité d’un infime détail, combien il change imperceptiblement son cadre, comme un photographe chercherait à composer, en ajustant cadrage, focale et mise au point, le cliché le plus vrai s’additionnant aux autres. Fidèle en art, en amitié, en politique — tendance anarchiste — on dit souvent d’Albert Marquet que son œuvre est restée dans l’ombre de celle de son ami Matisse. Logique, vu le côté solaire de l’autre. Mais cette ombre cachée se révèle peu à peu, réfléchissant les reflets dans l’eau et diffusant son apaisante beauté.
Albert Marquet, peintre du temps suspendu, jusqu’au 21 août au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11 , avenue du Président Wilson, 75116 Paris. Tél. 01 53 67 40 00. Catalogue éd. Paris musées (231 p., 39,90 €). www.mam.paris.fr
Des lunettes épaisses et un pied-bot : Albert Marquet (1875- 1947) fut un jeune homme complexé avant de devenir un artiste discret. Enfant, il ne rêve que de dessin. Bordelais d’origine modeste, il passe ses étés à Arcachon à admirer la mer et ses couleurs changeantes. Quand il débarque à Paris en 1895, Marquet entre d’abord à l’école des Arts décoratifs puis aux Beaux-Arts, et se lie avec Henri Matisse, Charles Camoin et Henri Manguin. Ils suivent l’enseignement du vieux Gustave Moreau, réputé pour lâcher la bride aux élèves et encourager le travail de la couleur.
La déflagration fauve
Dessinateur hors pair, Albert Marquet a toujours abordé la toile sans aucun travail préparatoire, tel un calligraphe armé de son seul pinceau. Simplicité apparente, mais grande maîtrise du geste. En 1905, Marquet et sa bande, ainsi que Vlaminck et Derain, exposent au Salon d’automne, salle VII. Elle deviendra célèbre : leurs trente neuf toiles exposées font scandale. Le président de la République refuse d’inaugurer l’évènement. La déflagration fauve se ressent dans toute l’Europe. Cette peinture expérimentale libére la forme et la gamme chromatique, irradie ses sujets de couleurs stridentes surlignées de noir.
Marquet a toujours gardé de ses débuts fracassants le goût de la nuance chromatique, mais baisse la puissance de feu pour privilégier, dans les décennies suivantes, des couleurs plus fraîches aux variations infinies. Il pratique en quelque sorte une « grisaille fauve » toute aussi vigoureuse mais plus discrète, à l’image de son tempérament.
Ses portraits et ses nus affichent la même sagacité que ceux de Manet, ses couleurs acides répondent à celles de Vallotton, le peintre suisse qu’il considère comme son père spirituel et artistique. Voyageur infatigable, casanier en pratique et en ménage, Marquet s’affirme comme un «plein airiste » d’atelier : il peint depuis sa fenêtre.
Le goût de l'eau
Il a gardé de son enfance le goût de l’eau et travaille toujours à sa proximité, dans l’atelier que Matisse lui a repassé sur le quai Saint-Michel ou dans ses nombreux appartements successifs sur les quais de Seine. De sa fenêtre donc, à Paris comme au Havre, à Alger ou ailleurs, Marquet peint en plongée l’eau qui coule, les multiples déclinaisons du gris, du bleu, du brun, du vert. Il peint la mer ou le fleuve parisien, les tours de Notre Dame colorées par les nuages, la foule esquissée en virgules noires sur les trottoirs en contrebas. Peu de ciel, puisqu’on regarde en bas, des lignes de fuite transversales, une texture mate faisant sonner la toile comme un jour de neige. Sur la centaine d’œuvres exposées, l’exposition du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris propose une magnifique variation sur ces quais de la Seine vus de sa fenêtre, avec une vingtaine de tableaux reprenant, de façon obsessionnelle, le même sujet au même endroit, encore et encore, sur une durée de près de trente ans. C’est à peine si le trait, trembloté ou furtif, change. A l’opposé d’un travail alimentaire en série, cette peinture mono-maniaque montre combien l'artiste fut obsédé par la nuance de la couleur, la rapidité du rendu, la véracité d’un infime détail, combien il change imperceptiblement son cadre, comme un photographe chercherait à composer, en ajustant cadrage, focale et mise au point, le cliché le plus vrai s’additionnant aux autres. Fidèle en art, en amitié, en politique — tendance anarchiste — on dit souvent d’Albert Marquet que son œuvre est restée dans l’ombre de celle de son ami Matisse. Logique, vu le côté solaire de l’autre. Mais cette ombre cachée se révèle peu à peu, réfléchissant les reflets dans l’eau et diffusant son apaisante beauté.
Albert Marquet, peintre du temps suspendu, jusqu’au 21 août au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11 , avenue du Président Wilson, 75116 Paris. Tél. 01 53 67 40 00. Catalogue éd. Paris musées (231 p., 39,90 €). www.mam.paris.fr
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
Re: Exposition Albert Marquet
Merci Rémy pour cette présentation d'un peintre trop méconnu et l'on a très envie d'aller à Paris voir ses oeuvres !
_________________
La langue c'est Le Lien,
Language is The Link,
La Lengua es el Nexo de unión,
Sprache ist die Verbindung,
Il Linguaggio è Il Legame,
La Lingvo estas La Ligilo etc.
MurielB- Admin
- Messages : 18641
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Espéranto, Gb, De, It, Es, chinois
Re: Exposition Albert Marquet
Voici ce que je lis sur la Newsletter du Musée de La Piscine de Roubaix.
Intéressant, non ?
La Piscine est volontiers prêteuse. Régulièrement on vous informe sur les voyages des
oeuvres du musée de Roubaix ici et là, et parfois très loin, pour participer à des
expositions prestigieuses. Cette fois c’est « Le port de Bougie » de Marquet qui a été prêté
au musée d’art moderne de Paris pour la grande exposition consacrée à Albert Marquet
(jusqu’au 21 août), un proche de Matisse. En échange Paris a prêté à Roubaix une délicate
« Lagune à Venise » du même Marquet, on peut l’admirer actuellement à la Piscine.
Intéressant, non ?
La Piscine est volontiers prêteuse. Régulièrement on vous informe sur les voyages des
oeuvres du musée de Roubaix ici et là, et parfois très loin, pour participer à des
expositions prestigieuses. Cette fois c’est « Le port de Bougie » de Marquet qui a été prêté
au musée d’art moderne de Paris pour la grande exposition consacrée à Albert Marquet
(jusqu’au 21 août), un proche de Matisse. En échange Paris a prêté à Roubaix une délicate
« Lagune à Venise » du même Marquet, on peut l’admirer actuellement à la Piscine.
Guilaine- Messages : 1122
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb, De, Es,It
Re: Exposition Albert Marquet
Vive la Piscine.
En marge du commentaire savant de Télérama, que j'ai rapporté, j'ai envie de dire que cette expo vaut vraiment le détour. Les toiles de Marquet paraissent un peu simples, mais elles sont tout simplement géniales.
Inutile de réserver sa place.
C'est dans ce lieu d'exposition que j'avais découvert Peter Doig, voilà quelques années...
En marge du commentaire savant de Télérama, que j'ai rapporté, j'ai envie de dire que cette expo vaut vraiment le détour. Les toiles de Marquet paraissent un peu simples, mais elles sont tout simplement géniales.
Inutile de réserver sa place.
C'est dans ce lieu d'exposition que j'avais découvert Peter Doig, voilà quelques années...
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
Re: Exposition Albert Marquet
En passant la piscine de Roubaix style art déco vaut vraiment le détour, elle est superbe !
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MurielB- Admin
- Messages : 18641
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Espéranto, Gb, De, It, Es, chinois
Re: Exposition Albert Marquet
Je vous envoie ci-dessous le tableau de Marquet prêté par le Musée "La Piscine" de Roubaix.
J'espère que ma manip va réussir.
J'espère que ma manip va réussir.
Guilaine- Messages : 1122
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb, De, Es,It
Re: Exposition Albert Marquet
Ca marche.
L'expo présente des peintures de ports, comme cette peinture, mais aussi Paris sous la neige, des paysages... Des couleurs tranquilles et chaudes à la fois, un dessin virtuose...
L'expo présente des peintures de ports, comme cette peinture, mais aussi Paris sous la neige, des paysages... Des couleurs tranquilles et chaudes à la fois, un dessin virtuose...
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
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