Troisième révolution industrielle

Dans son nouveau livre, intitulé "Le new deal vert", le célèbre économiste Jeremy Rifkin nous présente ce qui va caractériser la prochaine décennie : le new deal vert.

Une révolution industrielle est caractérisée par trois éléments : le mode d'énergie, le mode de transport et le mode de communication.
La première révolution, couvrant une bonne partie du XIXème siècle, était basée sur le charbon (et la machine à vapeur), le chemin de fer et le papier (poste, journaux, livres).
La deuxième révolution, qui eut lieu au XXème siècle, c'était le pétrole, l'automobile et le téléphone.

La troisième révolution, qui a déjà commencé, c'est les énergies renouvelables, les engins électriques et internet.

Il y a urgence. Si le monde ne change pas avant 2030, l'humanité connaîtra un emballement du climat, mortifère pour l'humanité elle-même.
Heureusement, les choses bougent, sous l'impulsion de la Chine et de l'Europe essentiellement, les USA étant à la traîne, pour une fois.

Les centrales photovoltaïques produisent d'ores et déjà un KWh électrique compétitif avec celui des énergies fossiles. Dans trois ou quatre ans, le prix aura encore baissé. Dans la résidence particulière, on pourra, à cette époque, produire soi-même de l'électricité photovoltaïque à un prix compétitif également.

Dans quatre ans, la voiture électrique ne sera pas plus chère que son équivalent à moteur thermique. De plus, son autonomie aura doublé. On aura aussi davantage de points de recharge électrique.

L'avenir est donc celui de la voiture électrique alimentée par l'électricité domestique (photovoltaïque).
La voiture électrique sera soit à batterie, soit à hydrogène (pile à combustible), cette dernière pour les longs trajets, pour les camions...

Dans le même temps, l'internet des objets va faire entrer internet dans une nouvelle dimension. Jusqu'à présent, le web ne reliait que des humains. Dans quelques années, il reliera toujours les humains, mais aussi tous les objets connectés : voitures, bâtiments, infrastructures, appareils domestiques, smartphones, etc...

Nous aurons trois internets : celui des objets, celui de l'énergie et celui des transports.

Cette révolution aura lieu, parce qu'elle sera rentable. Par suite, les industries liées aux énergies fossiles vont se trouver ringardisées. De nombreux actifs vont se retrouver bloqués, sans valeur. D'ores et déjà, les fonds de pension n'investissent plus dans ces anciennes industries. Les autres fonds suivent.

Les emplois seront transférés des industries liées aux hydrocarbures vers les industries vertes. Rifkin prévoit énormément de travail dans le bâtiment (isolation + pose de panneaux, nouvelles constructions), dans les centrales photovoltaïques et les éoliennes, dans l'ingénierie des infrastructures numériques (pose de lignes, de capteurs...), etc...

Petite anecdote : le soleil délivre sur Terre, en 96 minutes, l'énergie que les humains utilisent en un an. On voit qu'il suffit d'en capter une toute petite partie pour subvenir à nos besoins.

Remy a écrit:
Petite anecdote : le soleil délivre sur Terre, en 96 minutes, l'énergie que les humains utilisent en un an. On voit qu'il suffit d'en capter une toute petite partie pour subvenir à nos besoins.      

Good news !

Super bonne journée

Avec plaisir. Et merci pour le livre

Dans les emplois à venir, concernant directement la troisième révolution industrielle, il faut compter aussi tous les jobs d'informaticiens, pour gérer les réseaux et extraire des données des applications en tout genre, grâce à l'IA entre autres. Et aussi beaucoup de travail dans la cybersécurité. Etc...

L'usine devient déjà 4.0. L'impression 3D va permettre de rapatrier certaines productions.

Il faut ajouter les robots, les biotechs, les nanotechs, l'ordinateur quantique, j'en passe et des meilleures...

Les personnes manuelles pourront juste aider ceux qui ne savent ni peindre, ni bricoler, ni tapisser à monter leurs meubles Ikea

Muriel, il va y avoir beaucoup de travail dans le bâtiment, dans le génie civil, dans la pose de câbles, de capteurs...sans compter tous les métiers de bouche.
Le danger est peut-être davantage pour certains jobs intellectuels, que l'intelligence artificielle remplacera avantageusement...

Merci Rémy pour toutes ces paroles rassurantes concernant l’emploi

Dans son troisième numéro, le magazine "Transitions et Energies" consacre un large volet à l'hydrogène.

Il apparaît que la voiture électrique sera bien le moyen de transport de l'avenir, ne serait-ce que pour éviter la pollution des villes. Reste à savoir qui l'emportera entre la voiture électrique à batterie et la voiture électrique à hydrogène.

Du point de vue environnemental, la fabrication de batteries dégage énormément de CO2. Ensuite, pour recharger les batteries, il faut de l'électricité. Si celle-ci est décarbonée, comme c'est le cas en France, on arrive à respecter les normes de 90g CO2/km au final, en comptant la construction et l'utilisation.
En revanche, s'il s'agit d'une grosse batterie (de grosse voiture), dans un pays où l'électricité est obtenue par des centrales à combustible fossile, il n'y a aucun avantage à utiliser une voiture électrique à batterie, du point de vue du réchauffement climatique.
A l'inverse, si l'on utilisait l'énergie renouvelable, aussi bien pour l'extraction des métaux que pour la recharge des batteries, ce serait une toute autre histoire...

La voiture à hydrogène est actuellement à un stade de développement beaucoup moins avancé que la voiture à batterie.
Si l'on utilise l'électrolyse pour fabriquer l'hydrogène, le rendement final est compris entre 20 et 30%. En effet, le rendement de l'électrolyse est de 55%, et ensuite la pile à combustible a aussi un rendement de cet ordre. Alors que la voiture à batterie présente un rendement de l'ordre de 70%. Rappelons que le rendement des voitures à essence est de 36% et celui des diesels de 42%.

Il faut donc beaucoup d'électricité pour alimenter la filière hydrogène. Néanmoins, celle-ci présente de nombreux avantages :
- On peut faire le plein d'hydrogène à 700 bars en quelques minutes, pour une autonomie de 600 ou 700, voire 800 kms pour une voiture. A condition de disposer d'une station-service à hydrogène.
Alors que l'autonomie réelle d'une voiture électrique est encore modeste : si l'on roule à vitesse soutenue, par temps froid, en montagne, l'autonomie est facilement divisée par deux vis-à-vis des données constructeur.
De plus, si les stations-service doivent recharger les batteries de nombreux véhicules, cela deviendra vite ingérable.

- Ensuite, la voiture hydrogène est fabriquée presque entièrement localement : l'électricité, l'électrolyseur, la station de recharge, le réservoir, la pile à combustible peuvent être fabriqués localement. Pour la France, c'est le cas. Seuls les panneaux solaires (pour l'instant) et le minerai de fer sont importés (en gros).

Actuellement, le gouvernement envisage d'encourager l'utilisation de la voiture électrique à batterie pour les trajets quotidiens, en particuliers pour les urbains et surtout les péri-urbains, et de développer la voiture à hydrogène pour les longs trajets, les camions, les bus, les flottes d'entreprises ou de collectivités.

Il ne faut pas oublier, et la revue omet de le souligner, que la meilleure façon d'enrayer le réchauffement climatique, c'est encore d'éviter les déplacements inutiles, ou en solo : développer les transports en commun, le télétravail, le covoiturage, l'utilisation du vélo en ville...Mais ça, c'est une autre histoire, politique entre autres...

Merci Rémy pour cette très intéressante comparaison.  Qui l’emportera ? la voiture électrique à batterie ou la voiture électrique à hydrogène?

Les labos de recherche s'activent pour essayer de trouver le moyen de produire de l'hydrogène en employant beaucoup moins d'énergie qu'avec l'électrolyse.

L'agence allemande pour l'environnement note que la production de particules fines, que l'on impute au diesel, dépasse largement ce cadre.
Selon elle, sur une voiture diesel, 27% des particules fines viennent de la motorisation, 25% du freinage (plaquettes de frein) et 48% de l'abrasion des pneus !
De plus, le chauffage et l'industrie produisent bien plus de particules fines que les voitures...

En clair, toutes les voitures produisent à peu près autant de particules fines (sauf peut-être les électriques grâce au frein moteur). Et ce ne sont pas les voitures qui en produisent le plus.
Les stations de métro sont autant polluées aux particules fines que les rues de Paris ...

Voilà qui remet en question bien des idées reçues.
Cette étude est corroborée par nombre d'autres, encore bien plus favorables aux motorisations.

Bien sûr, il faut passer aux voitures propres, pour lutter contre le réchauffement climatique, mais vouer aux gémonies le diesel (et pas l'essence) comme on le fait semble déplacé pour l'instant.

Par ailleurs, Total projette de disposer d'une puissance électrique verte de 25 GW en 2025.
En outre, le groupe énergétique va implanter 4 dispositifs de stockage d'électricité de 25MW (100 au total), dont un à Dunkerque. Ce seront des batteries électriques installées par sa division Saft. Ces dispositifs sont rendues nécessaires par la fermeture de Fessenheim et les difficultés de Flamanville.

Rémy a écrit:Bien sûr, il faut passer aux voitures propres, pour lutter contre le réchauffement climatique, mais vouer aux gémonies le diesel (et pas l'essence) comme on le fait semble déplacé pour l'instant.

Pas facile de choisir le transport idéal et attendre encore il me semble.

Oui, sûrement. Ça ne fait pas l'affaire des constructeurs...
En tout cas, il y aura peut-être des affaires à saisir bientôt, car il n'est pas impossible qu'il y ait des promos pour relancer les ventes...

Wait and see ....

La Californie rend obligatoire la pose de panneaux solaires sur les maisons neuves. Le Massachussets songe à lui emboiter le pas

Rémi je viens de lire que les prêts immobiliers y vont augmenter mais que les dépenses de chauffage, climatisation ou éclairage y vont baisser. Cependant comme d'habitude, il y a des personnes réfractaires au fait que le prix de l'immobilier  augmente 

Muriel, l'article de Transitions et Energie précise que cela va coûter 40 $ en plus par mois de remboursement d'emprunt, mais l'économie d'énergie atteindra 80 $.
Mea culpa, j'ai oublié de le préciser.
La Californie est très ensoleillée, donc les panneaux solaires sont d'ores et déjà rentables dans ce pays.

La date contractuelle limite pour le démarrage du réacteur EPR de Flamanville a été repoussé à 2024. Cela donne le temps de résoudre des problèmes techniques.

Rappelons que ce n'est pas l'EPR qui est en cause, puisque deux EPR ont été construits en Chine. Ils ont été raccordés au circuit électrique et fonctionnent très bien. C'est la filière française de fabrication qui pose problème.
Comme EDF et Framatome n'ont pas construit de centrale nucléaire pendant vingt ans, les salariés sont partis en retraite et ces sociétés ont perdu pas mal de savoir-faire. Les ingénieurs savent très bien cela, mais les politiques s'en sont mêlés et voilà le résultat...

Quelle idée d'avoir voulu construire un airbus du nucléaire avec Siemens et Framatome. Ce n'était pas le métier du français de construire clés en mains des centrales complètes, il s'est dispersé et, au final, il s'est ratatiné, manifestement.

Des chercheurs ont découvert que les océans absorbaient deux fois plus de CO2 que ce que l'on pensait jusqu'alors. Le plancton absorbe en effet du CO2 et rejette de l'oxygène. Cette découverte permettra d'affiner les modèles géo-climatiques.

D'autre part, le biogaz pourrait apporter 20% du gaz total utilisé dans le monde, en particulier en Afrique. Malheureusement, pour l'instant, il coûte plus cher à produire que le gaz naturel. Le biogaz est extrait des déchets agricoles ou urbains, voire industriels.

Le problème c’est qu’avec le réchauffement climatique, les océans eux aussi se réchauffent, rendant plus difficile la dissolution du CO2 dans les mers.

C'est lié à la température ?
En tout cas, si les océans absorbent de plus en plus de CO2 (un tiers des émissions), cela augmente leur acidité, ce qui diminue le plancton. Or, c'est ce plancton qui capte le CO2, en rejetant de l'oxygène. Il y a donc un effet de rééquilibrage, mais dans quelle mesure...?

On recherche par ailleurs à capter le CO2 de l'atmosphère pour en faire du carburant...

merci Rémy pour toutes ces explications fort intéressantes.

Rémy a écrit:En tout cas, si les océans absorbent de plus en plus de CO2 (un tiers des émissions), cela augmente leur acidité, ce qui diminue le plancton. Or, c'est ce plancton qui capte le CO2, en rejetant de l'oxygène. Il y a donc un effet de rééquilibrage,

Un expert technique (et économique) des questions d'énergie et du changement climatique, Jankovici, voit les choses différemment.
Rappelons qu'il est polytechnicien, prof à l'Ecole des mines, fondateur d'un think tank (Carbone 4), etc...

Selon lui, on ne pourra pas remplacer suffisamment vite le pétrole par les énergies renouvelables. Il y a urgence.Pourquoi remplacer le pétrole ? D'une part, parce que l'on a atteint le pic de production en 2018, d'autre part à cause du réchauffement climatique.

La théorie économique part toujours de deux facteurs : le travail et le capital. Elle ne prend pas en compte l'énergie. C'est pour cette raison que les économistes veulent toujours de la croissance, pour créer des emplois, sans se rendre compte que la croissance a sa limite : l'énergie.

Il faut donc, selon lui, non pas penser à la nouvelle révolution technologique qui permettra à la croissance de se poursuivre, mais au contraire penser un monde en décroissance, qui utilise moins d'énergie. La théorie économique correspondante reste à inventer. Un des problèmes, c'est que les politiques raisonnent avec la théorie économique existante, sans écouter les experts techniques (et économiques finalement).

Le pétrole ne pourra pas être remplacé de sitôt, car il représente en France par exemple, malgré l'énergie nucléaire, deux tiers de l'énergie totale consommée. Pourtant, le temps presse, à la fois à cause du chômage, mais aussi à cause du réchauffement climatique.

Des économies d'énergie peuvent être faites :
- en encourageant l'utilisation des pompes à chaleur (actuellement, c'est aussi important que l'éolien en France)
- en utilisant davantage le bois de chauffage
- avec la biomasse, qui produit du biogaz
- avec les agro-carburants

mais aussi
- en isolant les 30 millions de logements français
- en taxant les vols en avion en fonction de leur longueur
- en obligeant SNCF et autres à ouvrir une ligne de train là où il y a une ligne de vol intérieure
- en utilisant la voiture électrique, à condition que l'électricité soit renouvelable
- en utilisant des véhicules plus petits (ex le vélo électrique, qui consomme moins)
- en covoiturant
- en utilisant les transports en commun quand c'est rentable (suffisamment de personnes)

Il faut aussi favoriser la vie dans de petites villes, de façon à ce que les habitants puissent manger localement (ex , c'est impossible à Paris), ainsi que se vêtir localement.
Il faut diminuer les services, car ils consomment beaucoup d'énergie.

Si l'on relocalise, en utilisant moins d'énergie, grâce à des process plus performants, c'est bien globalement pour le climat, mais pour la France ça veut dire plus de rejets de CO2 (pb politique)

Le plan de relance européen : le problème, c'est qu'il va introduire des injustices. Tel pays sera avantagé par rapport à tel autre. L'Europe n'est encore qu'une constellation de pays...

En résumé, il faut arriver à être heureux dans un monde sans croissance, où l'on fait passer la société avant la finance.

A mon humble avis, Cet expert, passionnant par ailleurs, oublie peut-être le rôle que le télétravail et la visioconférence vont jouer dans la baisse de la demande d'énergie. Il oublie toutes les recherches sur le solaire, qui peuvent déboucher sous peu, ainsi que sur les piles à combustibles, les électrolyseurs...
Mais il a sans doute raison, quand il parle de décroissance et d'économies d'énergie tous azimuths.

Ensuite, c'est bien beau d'économiser l'énergie en Europe,mais quid des Américains, Trump en tête, qui n'en ont rien à faire? Et peut-on demander aux Chinois et aux Indiens de se restreindre ? Pas simple...

Sans compter les problèmes géopolitiques, politiques, sociaux que tout cela pose...

Comme toujours c’est très intéressant : introduire un nouveau facteur dans l’économie: l’énergie . Nous voyons que la crise du covid à cassé la dynamique de la relance par l’arrêt du travail après celle de la crise des surprimes et l’arrêt de la finance (et son corolaire : la rigueur budgétaire). Les 2 facteurs de l’économie ancienne la finance et le travail viennent de mettre un genou à terre coup sur coup.   Et la croissance des 30 glorieuses s’est faite sur le pétrole ( donc sur cette nouvelle énergie (après celle basée sur le charbon). Or noir il n’en ai plus question sinon l’horizon sera aussi très noir. Seul une décision politique sera à même de changer les 3 facteurs de l’économie (travail, finance, énergie). La finance en mettant fin à l’austérité budgétaire et en finançant la dette : ce n’est plus les banques qui créent  la monnaie mais l’état (en Europe une BCE donc un État (ou plus d’Europe). Le travail : c’est l’état qui redéfinit le travail : relocalisation, un salaire pour tous ( j’y reviendrai), des services publics partout et pour tous. Ainsi nous le voyons ce modèle est possible. Il réduit les fractures sociales, il relance la croissance (en la redéfinissant) par la consommation de biens courants nécessaires au bonheur (eau, air pur, nourriture, toit, travail, lien social (la théorie du donut économie circulaire). Il permet aux banques d’effectuer leur travail d’investissements aux entreprises (changements énergétiques, ré localisation, prêts aux particuliers, assurances) et surtout mais c’est le but ultime il remet l’humain au centre. Reste à trouver l’homme ou la femme politique qui saura... Bien évidemment il y aura des candidats mais aurons nos la jugeote pour choisir le bon? Il nous faut quelqu’un(e) de’intelligent(e), charismatique, déterminée, audacieux(se). Qui est prêt(e) à rentrer dans l’histoire... Heureusement en France nous avons au moins 60 millions d’experts, 60 millions de penseurs et je l’espère 60 millions d’anti-fascinés(ées). Un autre monde est possible vous avez au moins un utopiste !