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Brexit : une "lumière au bout du tunnel"

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Message  PatrickB Mar 12 Jan - 12:22

Ce matin j'ai lu un excellent article du courrier international. Je me permet de le citer (et vous conseille l'abonnement car ce périodique nous ouvre sur le monde) car "il m'a réchauffé le coeur" comme dirait Brassens.

Vu du Royaume-Uni. Chers Français et Britanniques, Brexit ou pas, vous avancerez main dans la main !
POLITICO - hier à 06:06


Emmanuel Macron et Boris Johnson au 10 Downing Street à Londres, le 18 juin 2020. - PHOTO JUSTIN TALLIS / AFP
Certains avaient rêvé de se débarrasser d’une relation compliquée et – par moments – tumultueuse. Mais malgré le Brexit, et malgré une hostilité de surface ostensiblement affichée, les deux pays sont plus liés que jamais.

Il n’était pas dit que l’histoire tournerait comme ça. Juste avant la signature en 1957 du traité de Rome
 – instituant la Communauté économique européenne (CEE), ancêtre de l’Union européenne
 – un Premier ministre français avait proposé une autre solution : la fusion de la France et du Royaume-Uni pour donner naissance à une nation et un royaume.
La proposition avancée en septembre 1956 par Guy Mollet avait été poliment accueillie par son homologue britannique, Anthony Eden, avant d’être enterrée dans les archives officielles pour ne jamais être publiquement débattue, dans aucun des deux pays.
Vu l’échec de l’expérience britannique après quarante-sept ans de participation au projet européen, l’idée de Guy Mollet consistant à fusionner la France et l’Angleterre en “Frangleterre*” aurait sans nul doute été une calamité*.
Imaginez toutes les décisions épineuses à prendre. Conduite à droite ou à gauche ? Bière ou vin ? Cricket ou pétanque ? Bouillabaisse ou fish and chips ?

Le complexe d’infériorité-supériorité des Britanniques envers les Français

Cela fait près de deux siècles que la France et l’Angleterre ne se sont pas affrontées sur un champ de bataille. Et pourtant, une partie de l’opinion publique britannique – et indubitablement des médias – considère toujours la France comme l’ennemi héréditaire numéro un – avant l’Allemagne, la Russie ou la Chine.
C’est devenu évident lorsque, le 20 décembre, la France a décidé de fermer pendant deux jours ses frontières aux voyageurs et transporteurs routiers venant du Royaume-Uni. Cette mesure, mise en place pour éviter la propagation du nouveau variant de coronavirus détecté outre-Manche, a provoqué une explosion de colère et de francophobie dans les tabloïds britanniques. “Le covidiot Macron contraint de laisser passer les routiers”, a-t-on pu lire en une du Sun lorsque l’interdiction a été levée. “Monsieur Barrage a cédé”, écrivait de son côté le Daily Mail.
Les Britanniques pensent parfois que les mêmes déferlements d’hostilité primaire agitent régulièrement la France. C’est faux.
Les Français n’ont pas les yeux aussi rivés sur la Manche que les Britanniques. Ils ont des voisins tout aussi irritants et fascinants au nord, à l’est et au sud.
L’obsession française des Britanniques prend souvent la forme d’un étrange complexe d’infériorité-supériorité. De l’avis de nombreux Britanniques, les Français sont peu fiables, retors, égoïstes, malpolis et très portés sur le sexe. En même temps, ils les soupçonnent également d’être plus beaux qu’eux, d’avoir une météo plus clémente, une meilleure cuisine, de meilleurs footballeurs, plus de grands espaces, un meilleur réseau ferré et au final, une vie plus belle.

Il existe bien sûr de nombreux Britanniques francophiles et de nombreux Français qui admirent les Britanniques. Leur relation à première vue tendue – l’obsession et le réflexe d’hostilité des Britanniques versus la curiosité et l’indifférence polie des Français – dissimule en fait une vérité souvent ignorée.
Liés de manière plus étroite que jamais, la proposition de Guy Mollet, aussi absurde fût-elle, était à certains égards visionnaire. Les deux pays sont unis par des liens plus étroits que jamais (depuis le XVe siècle en tout cas).
Près de 300 000 Français vivent aujourd’hui au Royaume-Uni, pour la plupart, des jeunes installés dans la région de Londres. Et ils sont à peu près autant de Britanniques à avoir élu domicile en France, la plupart sont relativement âgés et ont opté pour des régions rurales. Ces chiffres évolueront peut-être un peu après le Brexit, mais pas fondamentalement.
Sur les plans économique et commercial, les deux pays partagent de nombreux intérêts et participent activement aux activités économiques l’un de l’autre. L’avenir du géant français de l’électricité, EDF, est lié aux contrats de près de 20 milliards d’euros pour la construction de 
réacteurs nucléaires EPR au Royaume-Uni. Le groupe PSA, un des deux principaux constructeurs automobiles français, est responsable d’une part non négligeable du secteur automobile britannique depuis le rachat de Vauxhall (Opel).
La France et le Royaume-Uni sont les deux seules grandes puissances militaires de l’UE. Les deux pays sont membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, et ils partagent le même point de vue sur la plupart des dossiers de politique étrangère (autres que l’UE)
Les eurosceptiques britanniques qui détestent le concept d’une armée européenne ou d’une politique de défense commune, et ne ratent pas une occasion de s’en moquer, n’ont pas compris qu’il existait déjà un embryon d’armée européenne, entièrement franco-britannique. Les accords de Lancaster House signés en 2010 par Londres et Paris ont en effet créé une Force expéditionnaire interarmées conjointe de 10 000 soldats, des programmes de formation communs et des forces opérationnelles navales conjointes. La Grande-Bretagne a fourni un soutien logistique aux opérations françaises au Mali et en Afrique centrale, en dehors du cadre de l’Otan. Les deux pays développent également une nouvelle génération d’avions de chasse et ont procédé à un rapprochement de leurs industries de missiles.
Certains médias britanniques aiment également accuser les Français d’être à l’origine, ou de fermer les yeux sur le problème endémique des migrants qui traversent illégalement la Manche depuis la France pour se rendre au Royaume-Uni, un problème qui se pose sous diverses formes depuis plus de vingt ans.

En réalité, la police française, grâce au traité du Touquet de 2003, constitue la première ligne de “défense” britannique contre les migrants indésirables (et certains véritables demandeurs d’asile). Ces dernières semaines, en plein Brexit, les deux gouvernements ont convenu de renforcer cette coopération.
La reconstruction des relations avec l’Europe passera par la France
Cette relation franco-britannique, vitale, inévitable et pratiquement ignorée de nombreux Britanniques, va devenir encore plus importante après le Brexit. Mais quoi qu’en disent les tabloïds britanniques, personne ne peut changer la réalité géographique. Les deux pays, si semblables en taille et en histoire, et qui étaient déjà très liés économiquement, sont condamnés à travailler ensemble.
Dans les premières années qui suivront le Brexit, le gouvernement de Boris Johnson cherchera par tous les moyens, sans doute les plus ostensibles, à montrer que sa nouvelle “Grande-Bretagne mondiale” “prospère avec force” en dehors de l’UE, comme il l’avait prédit. Tout ce qui rappellera de près ou de loin le bleu et le jaune de la coopération européenne sera fui comme la peste ou repeint aux couleurs de l’Union Jack. C’est ce qui explique cette décision stupide et contre-productive de retirer le Royaume-Uni du programme d’échange Erasmus +, qui concernait tous les étudiants européens et non seulement ceux de l’UE.
À plus long terme, peut-être pendant les années Johnson, mais sans doute après lui, le Royaume-Uni sera obligé de reconstruire ses relations avec le continent européen. Et inévitablement, ce pont (ou ce tunnel) passera par la France.

Et une blague inversée…

Une reconstruction qui dépendra en grande partie du résultat de la présidentielle française de 2022. Macron s’est fait le chantre d’une Europe plus ouverte et plus souple, avec un noyau européen fort, qui irait de la Russie à l’est et au Royaume-Uni post-Brexit à l’ouest. Il est convaincu que les Britanniques pourront à nouveau reprendre, grâce à des circonstances économiques et stratégiques incontournables, une relation plus flexible avec l’Europe.
La blague qui tournait à Bruxelles dans les années 1980 pourrait bientôt être remise au goût du jour.
Le fonctionnaire britannique dit toujours : “Cela peut fonctionner en théorie, mais est-ce que cela fonctionne en pratique ?”
Alors que le fonctionnaire français dit : “Ça peut marcher en pratique mais est-ce que ça marche en théorie ?”
Après le Brexit, ces rôles pourraient bien être inversés.
Le Royaume-Uni va chercher à redéfinir ses relations avec un continent européen trop proche et trop uni pour lui, et la France va jouer un rôle de premier plan dans ce rapprochement. Ce processus risque d’être soumis aux aléas de l’idéologie antieuropéenne officielle de la Grande-Bretagne et de ce nouveau pragmatisme français.
*En français dans le texte.
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