Cinéma "Des hommes et des dieux"

Le film sorti hier «Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois m’a beaucoup impressionnée et je vous encourage à aller le voir, quelle que soit votre sensibilité religieuse.Il est une réponse à l’info sur le pasteur américain qui souhaite brûler un exemplaire du Coran sur la place publique, samedi prochain (le 11/9), en hommage aux victimes du 11 septembre 2001.
Ce film, en effet, met l’accent sur la co-habitation pacifique entre Chrétiens et Islamistes, la réponse non violente à des agressions, la recherche de compréhension et de tolérance entre les deux peuples.
En cette période agitée par la guerre civile en Algérie (1996), les moines de Tibhirine mènent, dans un paradis qu’est la montagne de l’Atlas, une existence austère : méditation, travail manuel, soins aux humains, à tous ceux qui viennent vers eux, d’où qu’ils viennent et quel que soit leur passé.
La violence alentour va bientôt les faire douter sur l’adéquation entre leur engagement et un éventuel martyre qu’ils ne recherchent pas. Faut-il rester ou partir ?

Le film a obtenu le Grand Prix au Festival de Cannes 2010. Il a été inspiré par Etienne Comar et réalisé par Xavier Beauvois (producteur de « Nord » (1992), « N’oublie pas que tu vas mourir » (1995), « Selon Matthieu » (2000), « Le Petit Lieutenant » (2005).
Les acteurs : dont Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Jean-Marie Frin, Olivier Rabourdin, sont grandioses par leur authenticité. Ils sont allés passer quelques jours à l’Abbaye de Tamié en Savoie pour s’imprégner de l’esprit du film et un conseiller monastique en la personne de Henry Quinson, l’ancien trader devenu moine, a accepté de leur transmettre son expérience de cinq ans à l’Abbaye de Tamié pour les aider à entrer dans leur rôle.

A noter le testament spirituel du Frère Prieur, Christian de Chergé (Lambert Wilson),
ainsi que l’humanité de chacun des frères, spécialement Frère Luc (Michael Lonsdale), le vieux toubib à l’humour décapant.

En un mot et pour conclure, il s’agit là de la fraternité à l’état pur.

Dans ce paysage beau à couper le souffle la vie des moines s'écoule en harmonie avec la nature et les êtres qu'ils rencontrent. Ils cherchent à créer le lien et soignent les blessures physiques ou morales de tous. Mais ils ne sont plus en sécurité et la menace de mort des intégristes se dessine. Avec beaucoup de lenteur et de finesse le cinéaste nous fait découvrir le cheminement spirituel de ces moines qui adoptent la solution de rester et de ne pas céder à la terreur. Leur attitude me fait penser à l'attitude de non violence de Gandhi.J'ai le sentiment que les êtres avec une telle force de caractère viennent de tous les bords. Certains vont dans le sens de l'homme et d'autres dans le sens de Dieu.

Ce mercredi 1 décembre en allant rendre visite à ma mère aux Hespérides de Lille j’ai pu rencontrer le père blanc : Philippe Thiriez qui y faisait une conférence. Le sujet était : Les 7 moines de Tibhirine.
Celui-ci a vécu 50 ans en pays musulman, 3 ans au Yémen, 6 ans à Jérusalem et le reste en Algérie.
Actuellement âgé de 84 ans, le père Thiriez se rend encore chaque année en Algérie et se tient informé de tout ce qui s’y passe. La population de l’Algérie est de 34 millions, il y a entre 11000 et 30000 chrétiens. Actuellement l’Algérie est en crise, l’argent est mal distribué, 30% de la jeunesse est au chômage. Des jeunes essaient à tout prix de s’embarquer pour l’Europe.
J’ai pu lui parler personnellement des moines qu’il a bien connus et tout particulièrement frère Christian car il le rencontrait de temps en temps. Enlevés dans la nuit du 26 mars 1996, assassinés le 21 mai 1996, ils ont été enterrés entourés de leurs amis musulmans bouleversés dans la terre de leur monastère le 4 juin 1996
L’Eglise d’Algérie les avait associés dans une même célébration aux funérailles de leur protecteur et ami, le cardinal Léon Etienne Duval, archevêque d’Alger, décédé le 30 mai 1996
Il m’a confirmé le lien très fort que les moines avaient avec leurs frères musulmans comme la superbe image des oiseaux accrochés sur la branche et il a tant appris d’eux en ce qui concerne le respect, l’amitié, le service, l’accueil etc.

Merci pour ce témoignage vivant ;cela nous rapproche encore de ces moines et de leur histoire. La conférnce a dû être remarquable.