Quel nouveau modèle pour la France

Bernard de Chartres a écrit:Nous sommes nains sur des épaules de géants 

OBarnaby de Croydon a écrit:Où est l'Angleterre ?
En 1948, T. S. Eliot (encore américain à l'époque) pensait pouvoir définir les Anglais et leur culture par leurs loisirs et leurs amours habituels. Il a dressé la liste suivante : Derby Day ; la régate de Henley ; Cowes ; le 12 août ; une finale de coupe ; les courses de chiens ; la table de quilles ; le jeu de fléchettes ; le fromage Wensleydale ; le chou cuit coupé en tronçons ; les betteraves au vinaigre ; les églises gothiques du XIXe siècle ; et la musique d'Elgar. Cette liste nous paraît bien pittoresque aujourd'hui, mais comment pourrions-nous énumérer les éléments de cette "religion vécue" qui nous soutiennent en 2020 ? (Réponses sur une carte postale à l'éditeur, s'il vous plaît) 
Ma tentative personnelle et légèrement ironique d'établir une telle liste pourrait inclure les éléments suivants : Wimbledon, les roulades de saucisses, le Grand National, la Loterie nationale, les bourgeois et les vieux cons, le jour férié d'août, la danse Morris, le poisson-frites, Glastonbury, les jardins familiaux, les oignons marinés, les promenades en chiens et le drapeau de Saint-Georges. Pour les Écossais, on pourrait lire : les neeps and tatties, le saltire, les pipe bands, le Skye Boat Song, le whisky de malt, le curling, le Eightsome Reel, les Celtics et les Rangers, Hogmanay, le royaume de Fife, la Burns Night, Auld Lang Syne et le haggis. Pour les Gallois, ainsi : Le bosquet de frênes, les coracles, les Eisteddfods, la lettre "w", le pain du ciel, le rugby, la harpe, les gâteaux gallois, le Sospan Fach, les moutons de montagne, le fromage de Caerphilly, les chœurs d'hommes et le pain de lave. Et pour les Irlandais du Nord, ainsi : Les orangistes, "Famous Seamus", le Glorious Twelfth, l'Ulster Fry, Derry et Londonderry, la Chaussée des Géants, "Norn Iron", "Prods and Fenians", Yellowman, le chapeau melon, le lin, "I'll Tell Me Ma" et la dulse.  
Les rituels tribaux ont tendance à mesurer l'année en période de prospérité. Dans des temps plus précaires comme aujourd'hui, ces rituels ne peuvent être pratiqués que par une observation virtuelle et le calendrier - en particulier le calendrier sportif anglais - est annulé. Ce qui reste, c'est le marquage du passage de l'année dans la célébration privée de ces rites et l'appréhension réfléchie de la forme future des choses à venir ; dans la recherche d'ancêtres peut-être ou dans la réorganisation des priorités de la vie dans un monde radicalement changé. Car, comme Claudius nous le dit dans Hamlet, "Quand les chagrins arrivent, ils ne viennent pas seuls, mais en bataillons" : le krach financier de 2008, le divorce de l'Union européenne et maintenant la pandémie de Covid-19 - des chocs écrasants qui ont écrasé l'économie et mis à terre l'esprit humain. Les erreurs fatales commises pour faire face à ces coups ont fait que "l'Angleterre, qui avait l'habitude de conquérir les autres, a fait une conquête honteuse d'elle-même", comme le prophétise Jean de Gaunt dans Richard II. Ainsi, comme des feuilles d'herbe malmenées, son peuple doit maintenant retrouver sa résilience et retrouver la force de soutenir le pays et son glorieux héritage culturel.
L'Angleterre a été et reste un phare rayonnant pour le monde, l'une des plus grandes sources de poésie, de science, d'économie politique et de culture grâce à la puissance de sa langue et à l'attrait de ses arts créatifs et de ses sports récréatifs. Par-dessus tout, elle est la source de beaucoup de nouvelles inventions et de découvertes, puisqu'elle puise dans les eaux de nombreuses rivières provenant des cultures de ses franges celtiques pour alimenter le flot de ses affaires dans ce monde. Une nouvelle notion de l'"Angleterre" peut maintenant être soutenue par la vision d'un nouveau monde, où la véritable somme des parties nationales d'un Royaume-Uni est plus grande que son tout et où l'énergie et les talents de ses immigrants contribuent à en faire le microcosme d'un avenir, que nous pouvons tous vivre, par la grâce de Dieu, pour habiter.

Barnaby from Croydon a écrit:


Whither ‘England’?
In 1948, T. S. Eliot (still then an American) thought he could define the English and their
culture by their habitual leisure activities and loves. He came up with the following list:
Derby Day; Henley Regatta; Cowes; The Twelfth of August; a Cup Final; the dog races; the
pin table; the dart board; Wensleydale cheese; boiled cabbage cut into sections; beetroot in
vinegar; 19 th Century Gothic churches; and the music of Elgar. How quaint this list now
seems to us today, but how might we list the elements of that ‘lived religion’ that sustain us
in 2020? (Answers on a postcard to the editor, please)
My own tentative and slightly tongue-in-cheek attempt at such a list might include the
following: Wimbledon; sausage rolls; The Grand National; The National Lottery; toffs and
geezers; August Bank Holiday; Morris Dancing; fish and chips; Glastonbury; the allotment;
pickled onions; dog walking; and the flag of St. George. For the Scots it might read as
follows: neeps and tatties; The Saltire; pipe bands; The Skye Boat Song; malt whisky;
curling; The Eightsome Reel; Celtic and Rangers; Hogmanay; The Kingdom of Fife; Burns
Night; Auld Lang Syne; and haggis. For the Welsh, thus: ‘The Ash Grove’; coracles;
Eisteddfods; the letter ‘w’; ‘Bread of Heaven’; rugby; the harp; Welsh Cakes; ‘Sospan Fach’;
mountain sheep; Caerphilly cheese; male voice choirs; and Lava Bread. And for the Northern
Irish, thus: Orangemen; ‘Famous Seamus’; The Glorious Twelfth; The Ulster Fry; Derry and
Londonderry; The Giant’s Causeway; ‘Norn Iron’; ‘Prods and Fenians’; Yellowman; the
bowler hat; linen flax; ‘I’ll Tell Me Ma’; and dulse.
Tribal rituals tend to measure out the year in prosperous times. In more precarious times like
the present, these rituals cannot be practised except by virtual observance and the calendar –
particularly the English sporting calendar – is voided. What remains is the marking of the
passage of the year in private celebration of these rites and reflective apprehension about the
future shape of things to come; in researching ancestry perhaps or re-ordering life’s priorities
in a radically changed world. For, as Claudius tells us in Hamlet, ‘When sorrows come, they
come not single spies but in battalions’: the Financial Crash of 2008, the Divorce from the
European Union and now the Covid-19 Pandemic – crushing blows which have flattened the
economy and laid low the human spirit. The fatal errors made in dealing with these blows
have meant ‘That England that was wont to conquer others/Hath made a shameful conquest
of itself’, as John of Gaunt prophesies in Richard II. So, like badly trampled leaves of grass,
its people must now recover old resilience and grow again the strength to sustain the country
and its glorious cultural heritage.
‘England’ has been and remains a beaming beacon to the world, one of the greatest sources of
poetry, science, political economy and culture through the power of its language and the
appeal of its creative arts and recreational sports. Above all, it is the fountainhead of much
new invention and discovery, since it draws on the waters of many rivers flowing from the
cultures of its Celtic fringes to feed the floodtide of its affairs out into that world. A new
notion of ‘England’ may now be buoyed up by the vision of a new world, where the true sum
of the national parts of a United Kingdom is greater than its whole and the energy and talents
of its immigrants help to make it that microcosm of a future, which we may all live, by God’s
grace, to inhabit.