Jacques Yvart - On n'oublie pas !

Un montage vidéo d’Anonyme sur un chant, un texte et une musique de Jacques Yvart arrangée par Arnaud H. évoquant la tragédie intervenue le 24 novembre 2021 où 27 exilés sont morts noyés au large de Dunkerque sans qu’aucune assistance ne leur soit apportée malgré de très nombreux appels au secours.

Tout commence par un mot, « migrant », car dans notre « démocratie », il faut déshumaniser les êtres humains que l’on souhaite invisibiliser et opprimer. Un mot inventé par notre personnel politique et imprimé dans nos mémoires par chroniqueurs et journalistes.

Tout commence par un mot, « migrant », car dans notre « démocratie », il faut déshumaniser les êtres humains que l’on souhaite invisibiliser et opprimer. Un mot inventé par notre personnel politique et imprimé dans nos mémoires par chroniqueurs et journalistes.
« Migrant », l’homme relégué au statut d’animal, tels ces oiseaux qui voyagent d’un pays à l’autre sans passeport, ni visa, au gré des saisons.
Je me souviens d’une discussion avec un jeune exilé iranien qui me confiait ne pas avoir le sentiment d’être un animal, lui qui pourtant était condamné à survivre dans ce que les médias appelaient la « jungle » …
« Migrant », une déshumanisation et un déni de réalité collectif qui permettent bien des choses :
Du mépris et de la violence. Des persécutions. Des crimes contre l’humanité.
Il y en eut des exactions depuis la signature des accords du Touquet il y a 20 ans, des milliers de personnes fuyant la guerre et la misère parquées dans des camps insalubres, parmi les rats, sans même accès à ce besoin élémentaire et vital qu’est l’eau, cachés des citoyens aux confins de zones industrielles dont l’air est irrespirable comme à Calais.
Il y eut des milliers de démantèlements, des coups de couteaux dans les toiles de tente, les seuls vêtements que possédaient ces gens gazés, leurs tentes, effets personnels et papiers confisqués, la terre labourée sur les camps et des plots en béton installés sur les routes pour empêcher les camions des associations de venir apporter une aide alimentaire indispensable.
Il y eut des coups de couteaux pour percer les citernes d’eau installées par les associations en pleine canicule.
Il y eut le délit de solidarité.
Il y eut des kilomètres de barbelés, les chiens, les caméras thermiques, les capteurs de CO2, les détecteurs de battements de cœur, les drones, les avions et hélicoptères pour surveiller les côtes nuit et jour, les caméras de vidéo-surveillance, les policiers et gendarmes toujours plus nombreux pour empêcher « tout point de fixation ».
Il y eut plus d’une centaine de millions d’euros dépensés qui auraient pu servir à accueillir et non à persécuter.
Tout ça pour protéger une frontière qui n’est pas la nôtre, tout ça en vain. Car oui, cette politique immorale menée depuis 20 ans est un échec sur toute la ligne.
Pour être bénévole à Grande-Synthe, près de Dunkerque, auprès de ces personnes exilées depuis bientôt dix ans, j’ai vu toutes ces exactions qui ne pouvaient qu’aboutir à ce qu’il s’est produit le 24 novembre 2021. Cette nuit tragique où les opérateurs du CROSS, le centre de secours maritime, ont délibérément laissés se noyer dans la mer du Nord 27 personnes âgées de 7 à 46 ans qui tentaient de rejoindre l’Angleterre sur une frêle embarcation.
Puis il y eut les minutes de silence hypocrites des responsables politiques, les larmes feintes et les gerbes de fleurs jetées à la mer par ces élus, nés avant la honte, qui ont depuis tant d’années contribué à opprimer ces milliers d’êtres humains.
La justice passera-t-elle un jour ?
Les multiples stratégies de dissuasion décidées par l’Angleterre et appliquées par la France sont un échec total. Elles n’ont pas réduit le nombre de candidats à la traversée et ont fait proliférer et prospérer les réseaux de passeurs. Elles n’ont fait que rendre les passages plus dangereux, causant indirectement un nombre croissant de décès. Entre 1999 et novembre 2023, on a comptabilisé officiellement 383 personnes décédées à la frontière franco-britannique. 383.
Il est plus que temps d’abroger les accords du Touquet, un traité scélérat qui a déplacé les frontières anglaises sur nos côtes. L’ Angleterre doit enfin prendre ses responsabilités et ouvrir une voie de passage légale vers son territoire. Qu’elle n’oublie pas que cette misère, elle en est aussi responsable, que les dizaines de milliers d’exilés qui ont transité et ont été bloqués dans leur voyage à Grande-Synthe étaient ces dix dernières années en très grande majorité originaire d’Irak. Hors c’est bien l’Angleterre qui, avec les USA, a déclaré la guerre et ravagé l’Irak sous des prétextes mensongers pour des enjeux pétroliers…
La France se doit de refuser l’argent des britanniques et dénoncer ces accords.
Alors non, ON N’OUBLIE PAS et cette vidéo, véritable devoir de mémoire, se doit de rencontrer et réveiller un large public afin que ces atrocités ne se reproduisent jamais; qu’elle puisse contribuer à réactiver nos consciences et le peu d’humanité qui restent en chacun de nous.

Anonyme novembre 2023

Pourvu que la mémoire ait un impact sur le futur. Puisque les migrants souhaitent aller en Angleterre, il suffit d'affreter un bateau pour qu'ils y aillent en toute sécurité. De toutes façons ils arrivent à y aller mais au péril de leur vie.

MurielB a écrit:Pourvu que la mémoire ait un impact sur le futur. Puisque les migrants souhaitent aller en Angleterre, il suffit d'affreter un bateau pour qu'ils y aillent en toute sécurité. De toutes façons ils arrivent à y aller mais au péril de leur vie.

Je suis entièrement d'accord avec toi.

En plus de mettre leur vie en danger, ça nourrit un réseaux de passeurs sans scrupule.

Je suis tout à fait d'accord avec toi !