Texte de Noël (soirée karaoké)
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Texte de Noël (soirée karaoké)
Je me souviendrai longtemps de Noël de l'année dernière.
Quelques jours avant la date fatidique, je m'étais rendu chez un boutiquier de Calais pour trouver une robe à ma femme. Rassurez-vous, je ne fais pas les essais moi-même.
Je furète dans le magasin, à la recherche d'une improbable robe fourreau, guetté par les yeux avides des vendeuses en décolleté, blondes et à forte poitrine. Je reconnais des vestes, des chemises, des pulls, des gilets, des manteaux...et enfin les robes !
La première de celles-ci me plaît bien, avec ses décolletés pile et face, mais semble réservée aux mannequins anorexiques en phase terminale. La deuxième, ornée de strass, paillettes et autres franfreluches surabondants, semble dévolue au kitsch le plus ronflant et point trop n'en faut. La troisième en revanche correspond à ce que nous cherchons. Plus sobre, mais distinguée, dessinée à l'envi, elle devrait épouser les ondulations naturelles du corps svelte de ma conjointe sans pour autant provoquer des émeutes.
Pour autant, peut-on jurer de son ajustement à Marie ? Aussi me mets-je en devoir d'aviser la vendeuse, afin de solliciter son aide de professionnelle. La corpulence de cette aimable commerçante semble en effet en rapport avec celle de ma moitié.
Je lui demande bientôt de s'en couvrir le ventre, pour en juger. Elle s'exécute de bonne grâce, probablement habituée aux exhibitions professionnelles afférentes à son métier.
Tout bien considéré, il semble bien que cette parure convienne.
Je réponds alors, classiquement, que ma femme va venir l'essayer. Mais la vendeuse ne l'entend pas de cette oreille. Elle insiste sur la beauté du vêtement, que ce sera assorti avec une étole, des escarpins, etc.... Un dialogue de sourd s'engage.
Après un moment, afin de clore cette page ubuesque, je glisse à la jeune femme : « essayez-là, nous verrons bien ». C'est alors que, à ma grande surprise, la vendeuse, prête à tout pour faire du chiffre, disparaît dans la cabine d'essayage avec le vêtement.
Elle rouvre le rideau peu après et, d'un ton qui ne souffre pas la contestation, me commande de refermer la robe sur sa poitrine exempte de soutien-gorge. Je m'exécute tant bien que mal, en tentant de circonvenir mes doigts fiévreux et embarrassés.
Mon interlocutrice tourne et virevolte, dans l'espoir d'emporter ma décision.
Transi, la cafetière en rade, je bats en retraite en marmonnant une fugace promesse de retour.
Vous vous attendiez à autre chose, hein ?
Le soir du réveillon, nous nous apprêtons à quitter notre home. Je me change prestement, la tête vaguement dans les étoiles, à l'idée de la corvée qui nous attend. Quand j'arrive à la porte, 0,33 m'apostrophe. J'appelle parfois Marie de cette façon, car en effet elle est ma moitié – je suis d'ailleurs son double- et à deux nous ne faisons qu'un. Cqfd.
Elle me hèle donc : « Tu ne portes pas de slip, mon chéri ? ».
Vaguement interloqué, je reste béat un instant avant de me reprendre : »mais comment le sais-tu ?
Mais parce que tu ne portes pas de pantalon non plus »
Ah oui, où ai-je la tête ? Je remédie à cet oubli et nous quittons la ville, sous les vivats des goélands et les frimas de l'hiver, lequel nous a gratifié d'ailleurs de 10 cm de neige.
Arrivés quand-même à bon port, nous envisageons d'assister à la messe de minuit, qui se tient, comme chaque année, à vingt heures. Sur le chemin de l'église, nous rencontrons alors le père Noël en train de se dépouiller de son habit de gala. Il m'explique qu'il a fait ses huit heures. Je compatis. Un gamin le regarde, intrigué, vaguement soupçonneux, et dit à sa mère. « Je ne savais pas que c'était le voisin, le père Noël. Pourquoi tu ne me l'as pas dit, maman ? »
Cependant, nous continuons notre route jusqu'au sanctuaire immémorial, dont le vénérable clocher baigne dans l'atmosphère lumineuse et ouatée d'un ciel gorgé de neige.
La messe se déroule sans esclandre, soutenue par l'esprit de fête et de réconciliation qui anime les ouailles en ce moment de paix christique.
Le curé, un brave homme, contribue à la bonhommie de la cérémonie, par ses propos fleuris et sa face rubiconde. Mais il doit souffrir d'hémorroïdes.
Il est neuf heures quand nous quittons ce lieu de nourriture spirituelle. Il est l'heure de condescendre à une activité moins élevée, forts de la bonne action que nous venons d'accomplir, et en respect des coutumes ancestrales qui, associées aux documentaires animaliers de tf1, transforment notre univers a priori absurde et barbare en civilisation avancée.
Chez mes parents, nous nous embrassons, avant que les enfants ne s'emparent des jouets disposés par le père Noël sous le sapin, encore tout étonnés que leurs voeux fussent exaucés aussi diligemment.
Puis nous passons à table, ravis de goûter la dinde. Las ! Cette fois, c'est du gigot qui orne nos assiettes. Ce qui n'exclut pas, cependant, la présence de dinde au repas. D'ailleurs, à en juger par le visage tuméfié de ma voisine, il s'agirait plus précisément d'une dinde aux marrons.
Il est deux heures quand nous reprenons la route, en dépit d'un taux d'alcoolémie déraisonnable et funeste.
Ce qui devait arriver advint : un contrôle de police à l'entrée de l'autoroute. Mon compte est bon, car même si j'ai mâchonné quelques confiseries à la menthe, je ne crois guère à un miracle.
Cette attitude mécréante s'avère cependant déplacée car, de fait, le gendarme prend l'éthylomètre, le ramène à son compère qui, à la suite d'un examen approfondi, en expert de la question, hoche la tête et articule tant bien que mal : "c'est bon, vous pouvez y aller".
Un ange passe.
Nous revenons alors cheveux au vent à Calais pour vomir notre repas, car nous sommes sous l'emprise d'une gastro qui vient de commencer ses ravages.
Alors que dehors, un convoi de rennes tintinnabulant égaie le destin mal assuré d'un passant solitaire au regard torve, qui arpente le quartier et bat la campagne.
Voilà, c'est encore un Noël de passé. Vivement l'année prochaine !
Quelques jours avant la date fatidique, je m'étais rendu chez un boutiquier de Calais pour trouver une robe à ma femme. Rassurez-vous, je ne fais pas les essais moi-même.
Je furète dans le magasin, à la recherche d'une improbable robe fourreau, guetté par les yeux avides des vendeuses en décolleté, blondes et à forte poitrine. Je reconnais des vestes, des chemises, des pulls, des gilets, des manteaux...et enfin les robes !
La première de celles-ci me plaît bien, avec ses décolletés pile et face, mais semble réservée aux mannequins anorexiques en phase terminale. La deuxième, ornée de strass, paillettes et autres franfreluches surabondants, semble dévolue au kitsch le plus ronflant et point trop n'en faut. La troisième en revanche correspond à ce que nous cherchons. Plus sobre, mais distinguée, dessinée à l'envi, elle devrait épouser les ondulations naturelles du corps svelte de ma conjointe sans pour autant provoquer des émeutes.
Pour autant, peut-on jurer de son ajustement à Marie ? Aussi me mets-je en devoir d'aviser la vendeuse, afin de solliciter son aide de professionnelle. La corpulence de cette aimable commerçante semble en effet en rapport avec celle de ma moitié.
Je lui demande bientôt de s'en couvrir le ventre, pour en juger. Elle s'exécute de bonne grâce, probablement habituée aux exhibitions professionnelles afférentes à son métier.
Tout bien considéré, il semble bien que cette parure convienne.
Je réponds alors, classiquement, que ma femme va venir l'essayer. Mais la vendeuse ne l'entend pas de cette oreille. Elle insiste sur la beauté du vêtement, que ce sera assorti avec une étole, des escarpins, etc.... Un dialogue de sourd s'engage.
Après un moment, afin de clore cette page ubuesque, je glisse à la jeune femme : « essayez-là, nous verrons bien ». C'est alors que, à ma grande surprise, la vendeuse, prête à tout pour faire du chiffre, disparaît dans la cabine d'essayage avec le vêtement.
Elle rouvre le rideau peu après et, d'un ton qui ne souffre pas la contestation, me commande de refermer la robe sur sa poitrine exempte de soutien-gorge. Je m'exécute tant bien que mal, en tentant de circonvenir mes doigts fiévreux et embarrassés.
Mon interlocutrice tourne et virevolte, dans l'espoir d'emporter ma décision.
Transi, la cafetière en rade, je bats en retraite en marmonnant une fugace promesse de retour.
Vous vous attendiez à autre chose, hein ?
Le soir du réveillon, nous nous apprêtons à quitter notre home. Je me change prestement, la tête vaguement dans les étoiles, à l'idée de la corvée qui nous attend. Quand j'arrive à la porte, 0,33 m'apostrophe. J'appelle parfois Marie de cette façon, car en effet elle est ma moitié – je suis d'ailleurs son double- et à deux nous ne faisons qu'un. Cqfd.
Elle me hèle donc : « Tu ne portes pas de slip, mon chéri ? ».
Vaguement interloqué, je reste béat un instant avant de me reprendre : »mais comment le sais-tu ?
Mais parce que tu ne portes pas de pantalon non plus »
Ah oui, où ai-je la tête ? Je remédie à cet oubli et nous quittons la ville, sous les vivats des goélands et les frimas de l'hiver, lequel nous a gratifié d'ailleurs de 10 cm de neige.
Arrivés quand-même à bon port, nous envisageons d'assister à la messe de minuit, qui se tient, comme chaque année, à vingt heures. Sur le chemin de l'église, nous rencontrons alors le père Noël en train de se dépouiller de son habit de gala. Il m'explique qu'il a fait ses huit heures. Je compatis. Un gamin le regarde, intrigué, vaguement soupçonneux, et dit à sa mère. « Je ne savais pas que c'était le voisin, le père Noël. Pourquoi tu ne me l'as pas dit, maman ? »
Cependant, nous continuons notre route jusqu'au sanctuaire immémorial, dont le vénérable clocher baigne dans l'atmosphère lumineuse et ouatée d'un ciel gorgé de neige.
La messe se déroule sans esclandre, soutenue par l'esprit de fête et de réconciliation qui anime les ouailles en ce moment de paix christique.
Le curé, un brave homme, contribue à la bonhommie de la cérémonie, par ses propos fleuris et sa face rubiconde. Mais il doit souffrir d'hémorroïdes.
Il est neuf heures quand nous quittons ce lieu de nourriture spirituelle. Il est l'heure de condescendre à une activité moins élevée, forts de la bonne action que nous venons d'accomplir, et en respect des coutumes ancestrales qui, associées aux documentaires animaliers de tf1, transforment notre univers a priori absurde et barbare en civilisation avancée.
Chez mes parents, nous nous embrassons, avant que les enfants ne s'emparent des jouets disposés par le père Noël sous le sapin, encore tout étonnés que leurs voeux fussent exaucés aussi diligemment.
Puis nous passons à table, ravis de goûter la dinde. Las ! Cette fois, c'est du gigot qui orne nos assiettes. Ce qui n'exclut pas, cependant, la présence de dinde au repas. D'ailleurs, à en juger par le visage tuméfié de ma voisine, il s'agirait plus précisément d'une dinde aux marrons.
Il est deux heures quand nous reprenons la route, en dépit d'un taux d'alcoolémie déraisonnable et funeste.
Ce qui devait arriver advint : un contrôle de police à l'entrée de l'autoroute. Mon compte est bon, car même si j'ai mâchonné quelques confiseries à la menthe, je ne crois guère à un miracle.
Cette attitude mécréante s'avère cependant déplacée car, de fait, le gendarme prend l'éthylomètre, le ramène à son compère qui, à la suite d'un examen approfondi, en expert de la question, hoche la tête et articule tant bien que mal : "c'est bon, vous pouvez y aller".
Un ange passe.
Nous revenons alors cheveux au vent à Calais pour vomir notre repas, car nous sommes sous l'emprise d'une gastro qui vient de commencer ses ravages.
Alors que dehors, un convoi de rennes tintinnabulant égaie le destin mal assuré d'un passant solitaire au regard torve, qui arpente le quartier et bat la campagne.
Voilà, c'est encore un Noël de passé. Vivement l'année prochaine !
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
Re: Texte de Noël (soirée karaoké)
Merci et bravo!
Pour ceux qui ne connaissent pas Bertrand / Rémi (ou Rémi / Bertrand), il est aussi talentueux à l'oral qu'à l'écrit!
Il chante tellement bien qu'il devrait postuler à la starac' ou nouvelle star!!
Alors joyeux
Pour ceux qui ne connaissent pas Bertrand / Rémi (ou Rémi / Bertrand), il est aussi talentueux à l'oral qu'à l'écrit!
Il chante tellement bien qu'il devrait postuler à la starac' ou nouvelle star!!
Alors joyeux
Re: Texte de Noël (soirée karaoké)
Merci Florent, mais c'est trop.
Merci à toi de t'être occupé de la partie technique du karaoké, avant la soirée, et aussi pendant.
C'est toi qui a réalisé et qui maintient le site internet du café polyglotte, élément très précieux de l'association.
Tu joues également le rôle d'animateur de ce site mais, dans un projet, les apports techniques, pourtant fondamentaux, sont souvent oubliés. Alors, encore bravo.
Merci à toi de t'être occupé de la partie technique du karaoké, avant la soirée, et aussi pendant.
C'est toi qui a réalisé et qui maintient le site internet du café polyglotte, élément très précieux de l'association.
Tu joues également le rôle d'animateur de ce site mais, dans un projet, les apports techniques, pourtant fondamentaux, sont souvent oubliés. Alors, encore bravo.
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
Re: Texte de Noël (soirée karaoké)
bon bref!
c'est merci a vous deux, alors!
bisous
c'est merci a vous deux, alors!
bisous
victoriaD- Messages : 47
Lieu : Falmouth (UK)
Langues : Français (Langue maternelle), Gb, It
Re: Texte de Noël (soirée karaoké)
Merci, Vic, de tes gentils messages.
J'ai acheté en ligne "the amazing Maurice and his educated rodents" ainsi que la version française.
C'est...amazing
Bisous
Remy
J'ai acheté en ligne "the amazing Maurice and his educated rodents" ainsi que la version française.
C'est...amazing
Bisous
Remy
Remy- Messages : 3178
Lieu : Calais
Langues : Français (Langue maternelle), Gb
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